|
Le Conseil fédéral s'est mobilisé ce mardi sur la question de la hausse du cours du franc. Aucune mesure d'urgence n'a cependant été prise puisque celles-ci n'auraient pas eu l'effet escompté.
La hausse persistante du cours du franc mobilise le Conseil fédéral, même pendant ses vacances. Au cours d’une conférence téléphonique mardi, le gouvernement n’a toutefois décidé aucune mesure d’urgence, car les actions envisageables n’auraient pas l’effet souhaité.
Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a informé le gouvernement de l’évolution de la conjoncture en Suisse, a indiqué le Département fédéral de l’économie (DFE). Le Conseil fédéral prend au sérieux les charges croissantes qui pèsent sur l’industrie d’exportation, le commerce de détail ou le tourisme.
Si la pression à la hausse exercée sur le franc devait encore augmenter, la croissance de l’économie devrait continuer à se tasser, note le communiqué. Le Conseil fédéral en appelle aux entreprises suisses pour qu’elles répercutent les gains de change par rapport à l’euro sur les consommateurs.
Le Conseil fédéral analyse la situation de manière continue, en collaboration avec la Banque nationale suisse, souligne le DFE. Lundi, M. Schneider-Ammann a ainsi convoqué la délégation économique du gouvernement, qui comprend les conseillères fédérales Eveline Widmer-Schlumpf et Doris Leuthard.
Proposition de fonds d’Etat
Les idées se multiplient ces derniers temps pour lutter contre la force du franc. Celle de créer un fonds d’Etat, suggérée par un économiste de l’UBS, reçoit une soutien de poids: le directeur bernois de l’économie Andreas Rickenbacher la qualifie de «séduisante» et demande à la Confédération d’agir.
«De même que d’autres pays ont des matières premières, nous avons aussi une force: notre monnaie», a dit M. Rickenbacher dans le «Blick» de mardi. «Enfin quelqu’un dit comment nous pouvons utiliser activement la matière première ’franc’ et en profiter». Le vice- président de la Conférence des directeurs cantonaux de l’économie a confirmé à l’ats ses propos tenus dans le quotidien alémanique.
La création d’un fonds d’Etat doté de 100 milliards de francs a été suggérée par l’économiste de l’UBS Caesar Lack. Selon son projet, la Confédération se procurerait cet argent via des emprunts. Ces milliards devraient ensuite être investis à l’étranger et ainsi affaiblir le franc. Pour le conseiller d’Etat socialiste, cet argent devrait être placé dans de solides emprunts d’Etat étrangers ou dans des obligations et actions de grandes entreprises.
Spéculation étatique
Si les placements connaissent une hausse, la Confédération génère des recettes qui peuvent être réinvesties dans l’économie publique, par exemple comme contribution à la réduction des primes maladie, suggère Andreas Rickenbacher. Bémol de l’histoire: la Confédération devrait s’endetter à hauteur de 100 milliards de francs et prendrait un risque spéculatif considérable.
De plus, de telles opérations sont formellement interdites par la loi sur la BNS. M. Rickenbacher ne pense toutefois pas qu’une modification de la loi soit nécessaire pour créer un fonds d’Etat. Et de citer comme exemple le sauvetage de l’UBS, qui a été réalisé via le droit d’urgence.
La force du franc par rapport à l’euro menace aussi bien les exportations helvétiques que le tourisme. «Si l’on a pu à l’époque agir pour une seule entreprise, je trouverais curieux que l’on ne puisse le faire maintenant, alors qu’il en va de l’ensemble de l’économie», a dit à l’ats le conseiller d’Etat bernois.
L’idée d’un fonds d’Etat ne trouve toutefois pas grâce auprès du Département fédéral des finances. «Ce n’est pas un thème chez nous», a dit son porte-parole Roland Meier.
Lundi, l’euro avait atteint un nouveau plancher record par rapport au franc, à 1,1404. Il a bénéficié d’un léger sursaut mardi.
ATS |