Jean-Claude Biver: la recette du succès
 
Le 08-08-2007

Chaque lundi et pendant tout l’été, la «Tribune de Genève» a décidé d’emmener une personnalité à la piscine. L’occasion, autour d’un repas pris sur la terrasse verdoyante d’un palace genevois, de parler de tout et de rien. Et pourquoi pas, même de refaire le monde.

Il paraît que Jean-Claude Biver transforme tout ce qu’il touche en or… Si le transat est resté de marbre, le soleil – visiblement intimidé – a fini par se cacher derrière un rideau de nuages. L’homme ne laisse jamais indifférent. Il force le respect. Ou l’admiration. Réussit (souvent) tout ce qu’il entreprend. Fourmille d’idées. Et provoque forcément des jalousies partout où il passe.

«Si je n’ai pas fait un jaloux par jour, c’est une mauvaise journée!» Jean-Claude Biver éclate de rire. Depuis qu’il s’occupe de la santé des montres Hublot, en septembre 2004, il a largement atteint son quota. En trente-quatre mois, son chiffre d’affaires est passé de 26 à 150 millions de francs. Il a créé sa TV sur le Net. S’est associé avec Prada, en avril 2005, pour utiliser l’image de Luna Rossa. Cerise sur le gâteau: en signant un contrat d’exclusivité avec l’UEFA, il sera le garant du temps pendant l’Euro 2008. «J’ai pris tout le monde de vitesse, confie-t-il. Notre structure est tellement petite que je peux décider d’une stratégie en quelques minutes. Là, j’ai signé à la première réunion. C’est peut-être le meilleur coup de ma carrière!»

«C’est ça ma méthode!»

Existe-t-il une méthode Biver? Et serait-elle aussi efficace appliquée par M. Dupont? Le Vaudois n’est pas prétentieux. Mais après quelques secondes de réflexion, il finit par acquiescer. Et – avant de se justifier – vous conte la difficile survie des cirques en Europe. On comprend mieux la pertinence de cette parabole quand il vous parle de ce Canadien devenu milliardaire parce qu’il a (simplement) inventé le Cirque du Soleil. «C’est ça ma méthode! Innover, créer, travailler… On ne doit pas toujours aller là où il y a tout le monde. Mais tenter d’ouvrir un nouveau monde. »

Jean-Claude Biver y ajoute encore sa petite touche personnelle. Trente-trois ans d’expérience dans le monde de l'horlogerie. Une ouverture d’esprit qui l’empêche de s’endormir sur ses lauriers. «Je suis curieux, j’ai toujours envie de créer et d’être différent», précise-t-il. Ajoutez à ça un caractère hyperactif et une passion viscérale pour son métier, et vous avez le portrait-robot du PDG idéal!

Aujourd’hui, la réputation du Vaudois n’est plus à faire: il passe pour celui qui réussit tout ce qu’il entreprend. «Ce n’est pas vrai», corrige-t-il. Sans fausse modestie. «Cette réussite n’est que matérielle. Ce qui compte, c’est la vraie vie! Avoir des enfants en bonne santé, ne pas connaître de drame dans la famille…» Avec Hublot, Jean-Claude Biver se refuse d’ailleurs à tout excès de triomphalisme. «Les chiffres parlent pour eux. Soit. Si j’étais analyste financier, j’arriverais à me dire stop. Là, si je suis plutôt dans le peloton de tête, je ne pourrai tirer un vrai bilan qu’en 2012. »

La culture du sport

L’image, empruntée au vocabulaire du sport, n’est pas gratuite: dans une vie antérieure, Jean-Claude Biver fut un athlète assidu. Courant le Marathon de New York et la course de montagne Sierre-Zinal. «J’ai dû arrêter pour des raisons de santé, grimace-t-il. Depuis, j’ai pris une trentaine de kilos…» Il avoue pourtant être (re)monté sur un vélo. Par besoin. Mais le sport fait aussi partie de sa culture. Il a même un frère, Marc, qui est directeur d’une équipe de cyclisme – après avoir été le boss d’IMG en Suisse. Pas étonnant qu’il se soit tourné vers ce moyen de communication pour promouvoir ses montres!

«Quoi qu’on dise, le sport est un vecteur sain, explique-t-il. Avec le sport, les enfants apprennent à gagner, parce qu’on leur apprend d’abord à perdre. Ça vous forge le caractère!» Et lorsqu’on le branche sur les affaires de dopage qui ont secoué le Tour de France, Jean-Claude Biver ne se démonte pas. «Des tricheurs, il y en aura toujours! Il y en a même chez les curés. Et ça, c’est plus grave encore, parce qu’ils s’attaquent aux enfants…» Lui, il continue à croire en l’athlète. En sa valeur d’exemple aux yeux du public. Et s’il porte «sa» montre, c’est encore mieux! «Les gens cherchent très souvent des signes de ralliement chez l’autre», plaide-t-il. Et qu’est-ce qu’il regarde en premier chez son interlocuteur? La tocante qu’il a au poignet, bien sûr!

Tribune de Genève

 

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