HUBLOT - C’est dans son bureau que Jean-Claude Biver a ressuscité la marque
 
Le 14-09-2011

Vous avez dit château? C’est d’abord la maison du bonheur, jumelée avec une ferme, où le génial entrepreneur – qui a obtenu son passeport suisse mercredi dernier! – vit en famille.

«Je ne suis pas mondain, je suis trop bien chez moi.» Pour Jean-Claude Biver, «L’Amour c’est… la maison», et vice versa! L’homme est attaché à son lieu de vie et quand il en parle, on ne peut plus l’arrêter: «Parce que ma demeure, c’est la famille, l’accueil, la convivialité, l’harmonie et la sécurité. C’est aussi là que je me régénère en rechargeant mes batteries.» Et ce n’est pas peu dire pour cet entrepreneur qui vit à fond chaque minute. Dès notre arrivée dans le hall chatoyant de sa maison, on est frappé par la hauteur des plafonds, les tableaux impressionnistes qui ornent les murs des nombreuses pièces en enfilade. Serait-ce un château de conte de fées que nous visitons? «Il s’agit d’une maison de maître, la Poneyre, qui date de 1865 et que j’ai achetée il y a environ sept ans. Avant, nous habitions à Villette (VD), entre le lac et les vignes. J’aimais cet endroit car mes grands-parents maternels étaient des vignerons-aubergistes», raconte Jean-Claude Biver, l’œil vif et la mine réjouie.

Maison de maître et ferme comprise!

«Mais ce qui m’a motivé d’autant plus à acheter la Poneyre, c’est qu’elle comportait une ferme, continue-t-il. Quand on n’est pas paysan, c’est difficile de vivre dans une exploitation agricole, ou alors les gens rénovent ces bâtisses et elles deviennent des fermes mortes. Moi je voulais vivre à côté d’une ferme qui travaille. Je la loue donc à une famille d’agriculteurs qui s’occupent d’une soixantaine de vaches. Ils élèvent aussi des chevaux. Et comme Sandra, ma femme, ne jure que par les légumes et fruits de saison, nous avons aussi des arbres fruitiers, une serre et un joli potager. Avec les œufs de la ferme, je confectionne l’omelette baveuse traditionnelle du dimanche matin!» Notre hôte a tout du gentleman-farmer. «En Suisse, tous les horlogers étaient des paysans au départ. Ce sont les huguenots de France qui ont amené l’horlogerie ici et pendant les longs hivers, les agriculteurs ont mis toute leur patience et leur minutie à créer les petites roues des montres.»

De loin, c’est tout juste si on voit une tourelle blanche qui s’élève au-dessus des arbres. Mais quand le portail opaque s’ouvre, on est transporté dans une atmosphère bucolique et lumineuse. «De mon jardin, j’entends les gamins qui jouent au foot dans le stade en contrebas, c’est sympa», dit-il en croquant une noisette qu’il vient de cueillir. Le long du chemin de terre qui mène à la maison, des canards et des oies prennent le frais sous un arbre. En bas, la ferme avec son potager, ses écuries, ses fleurs et quelques nains de jardins disposés çà et là. A deux pas, une ancienne grange avec d’énormes cloches pendues à l’avant-toit. «C’est la chenaille, c’est-à-dire le harnachement que portent mes vaches à l’alpage. Vous voyez la plus grosse cloche qui a un collier blanc? C’est celle qui sera au cou de ma reine lors de la Désalpe le 17 septembre. Cette vache produit 33 litres de lait par jour.» Et d’ajouter sur cette tradition suisse qui lui tient à cœur: «Les vaches et les chars fleuris descendent 15 kilomètres depuis l’alpage de La Neuvaz jusque chez moi, en passant à travers le village de Blonay. Les gens peuvent suivre le cortège ou même venir dans notre champ où il y aura de quoi se restaurer.» Comme chaque année, il ouvrira la marche, en costume d’armailli.

La cuisine au tapis d’Orient

De style classique, l’intérieur de la demeure n’a rien d’un musée. On sent la présence de ses enfants. «J’en ai cinq, car nous formons une famille recomposée avec ma femme depuis quinze ans. Trois d’entre eux habitent avec nous, Filipe, 21 ans, Carolina, 19 ans, et Pierre, 11 ans. Côté éducation, j’ai bien évolué. Pour mes aînés Loïc, 30 ans, et Delphine, 28 ans, je voulais qu’ils jouent dans leurs chambres. Alors que pour Pierre, mon petit dernier, je n’ai qu’une envie: qu’il envahisse toutes les pièces avec ses jouets!» La preuve: on note des santons en céramique à la queue leu leu sur une étagère dans la cuisine… Par terre, sur le parquet, un tapis d’Orient donne du cachet à la pièce: «J’aime les tapis colorés que je ramène de voyage. J’admire la maîtrise du détail. En Iran, ils font tout à la main, c’est comme de l’horlogerie!» dit cet amoureux de l’artisanat. «J’ai dix pièces à disposition dans cette maison, mais je vous avoue que je n’en parcours que trois régulièrement, s’amuse-t-il. La cuisine et la salle à manger où les soupers en famille sont sacrés, et bien sûr mon bureau où je passe tout mon temps. C’est là que se résume la renaissance des montres Hublot. Cette pièce parle de moi. Pendant des années, je m’y suis rendu de 3 heures du matin à 7 heures. Je prenais donc quatre heures d’avance sur mes concurrents! Je suis en permanence sur le Net: un entrepreneur ne peut pas déconnecter.» Biver a la passion chevillée au corps. «Voyez les peintres dont j’apprécie tant les œuvres. L’artiste transforme sa passion en gagne-pain. Moi, j’ai ce point commun avec lui.»

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Ses objets préférés

Sa montre Hublot
«C’est celle qui représente le plus mes visions. Avec son tourbillon en chronographe, elle symbolise la tradition. Son habillement est moderne et en céramique: étanche et inrayable!»

Son vélo
«J’ai fait jusqu’à 10 000 km à vélo par année! J’avais la passion du marathon, mais une rupture du tendon d’Achille en 1998 m’a poussé à faire du vélo. Celui-ci est en carbone, ultraléger.»

Ses deux bouteilles d’Yquem 1811
«L’un de ces Châteaux d’Yquem sera bu le jour de ma mort par mes proches. Ainsi je serai présent! Le second, je le boirai seul avec ma femme pour fêter notre amour.»



Anne-Catherine Renaud
LE MATIN

 

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