SWATCH GROUP - «Nous devons sauver la Suisse»
 
Le 28-10-2011

Nayla Hayek, présidente du Swatch Group, était à Dubaï pour rencontrer ses détaillants. Elle évoque la cherté du franc suisse et ses projets pour l'arc jurassien.

Sous le soleil de Dubaï, où elle a rencontré ses principaux détaillants du Moyen-Orient, Nayla Hayek affirme son attachement au Swiss made et sa volonté de ne pas délocaliser la production, malgré la cherté du franc suisse. Entretien avec la présidente du conseil d’administration de Swatch Group, par 34 degrés à l’ombre.

Vincent Donzé: Pourquoi faut-il affaiblir le franc suisse?
Nalya Hayek: Pour conserver les entreprises chez nous! Produire en Suisse devient trop cher pour certains entrepreneurs et le risque est grand de voir notre pays perdre ses usines. Les petites entreprises sont menacées par la faillite. Perdre des emplois, c’est renoncer à du savoir-faire. De là vient le danger.

Un franc fort n’a-t-il aucun avantage?
Il faut saluer la décision de la Banque nationale suisse, quand elle fixe le plancher de l’euro à 1 fr. 20. Nous aurions souhaité un taux plus élevé, mais nous pouvons vivre avec l’euro à 1 fr. 20.

La Suisse doit-elle aider la Grèce?
La Suisse doit d’abord sauver la Suisse! Mais on ne vit pas sur une île: on ne peut pas se tenir à l’écart de l’Europe, en feignant de ne se mêler de rien.

Votre père nous avait habitués à ses coups de gueule. Qui a repris le flambeau?
Chacun de nous est libre de s’exprimer! Mais c’est seulement quand mon fils Marc, mon frère Nick et moi crions d’une même voix que nous obtenons l’impact qu’avait Nicolas G. Hayek.

Etes-vous tentée de délocaliser les emplois?
Jamais! Nous voulons des usines et des produits suisses! Voudriez-vous d’une Blancpain ou Breguet qui n’est plus fabriquée dans la vallée de Joux, mais en Chine? C’est impossible! Il faut renforcer le Swiss made pour le bien de toute l’industrie horlogère. Le client ne doit pas se sentir trompé.

Le Swiss made n’est-il pas assez protectionniste?
Quand vous achetez une Mercedes ou une Porsche, vous misez sur la qualité allemande, non? Vous ne seriez pas content d’apprendre qu’elle a été fabriquée à 99% dans un pays extra-européen. Le client achète un label garant d’une qualité et la Suisse a un savoir-faire reconnu.

Vos projets sont-ils maintenus à Boncourt?
Oui, ils sont actuels, même s’ils sont retardés par la cherté du franc! Ces projets générateurs d’emplois n’ont pas été modifiés. Nous devons atteindre la capacité de production qui réponde à la demande.

A Bienne, vous construirez Omega City?
Pas une Omega City, mais un bâtiment pour Omega et un autre pour Swatch. Nous devons construire des immeubles pour les quartiers généraux de ces deux marques.

Avoir une rue et une place au nom de Nicolas G. Hayek, ça vous touche?
Oui, grâce aux autorités biennoises, nous avons trouvé un endroit qui convienne à mon père.

N’est-ce pas le moment de planter un cèdre du Liban sur la place réservée au bord du lac?
C’est sans doute la bonne saison, oui. Mais l’inauguration de cette place marquera le deuxième anniversaire de la mort de Nicolas G. Hayek, le 28 juin 2012.


Vincent Donzé
LE MATIN

 

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