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La banque centrale n’exclut pas une période récessive. Elle est prête à prendre de nouvelles mesures
L’analyse est sans équivoque. Le franc fort est toujours largement surévalué par rapport aux autres devises et cela pose des problèmes insolubles à nombre d’entreprises suisses et fait planer des menaces sur l’emploi.
«Mon vœu pour Noël est un cours de 1,40» franc pour 1 euro, estime le patron de Migros, Herbert Bolliger. La seule aide pour la place économique suisse est un taux de change de plus de 1,35, d’après le patron de Stadler Rail, Peter Spuhler. Selon Michael Pieper, propriétaire du groupe Franke, un cours de 1,30 à 1,35 est le minimum pour que l’industrie d’exportation s’en sorte plus ou moins. Le franc doit se diriger vers une valeur d’environ 1,38, estime pour sa part Hans Hess, le président de Swissmem, l’association faîtière des machines. Tous ces témoignages, parus dimanche dans l’hebdomadaire Sonntag, en appellent donc à la Banque nationale suisse (BNS) pour qu’elle intervienne à nouveau sur le marché des devises. Economiesuisse et l’Association suisse des banquiers en avaient déjà fait de même.
Pas d’instruction à recevoir
La réponse n’a pas tardé à venir. Son vice-président, Thomas Jordan, a exprimé «une certaine compréhension» pour ceux qui demandent à l’institut d’émission de relever le cours plancher franc-euro. Mais de doucher aussitôt tout espoir démesuré. «La BNS …] ne peut recevoir d’instructions de personne. Nous effectuons notre propre analyse, et nous décidons des mesures nécessaires pour accomplir notre mission», a-t-il dit au Matin Dimanche. L’institut d’émission est toutefois prêt à prendre de nouvelles mesures contre le franc fort si les circonstances l’exigent.
L’intervention de la BNS début septembre pour fixer un cours plancher de 1,20 franc pour 1 euro «a fortement diminué les risques pour l’économie suisse», a encore indiqué Thomas Jordan. «Mais cela ne veut pas dire que la situation est devenue facile, au contraire.» La croissance suisse en perte de vitesse, le franc élevé et la baisse de la demande provoquée par une conjoncture mondiale en berne représentent une conjonction de facteurs qui pose des problèmes. Dans ce contexte, la BNS n’exclut d’ailleurs pas une phase de contraction. «L’économie suisse entre dans une période difficile, avec un taux de croissance très bas, peut-être même légèrement négatif.»
[LE TEMPS
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