L'économie suisse, affaiblie par le franc fort, la crise de la dette européenne et la conjoncture mondiale, verra sa croissance nettement ralentir en 2012, estime economiesuisse. L'organisation table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,5%.

L'économie suisse se trouve dans une situation extrêmement délicate, a relevé lundi à Zurich Rudolf Minsch, le chef économiste d'economiesuisse, la Fédération des entreprises suisses. Du fait de la forte hausse du franc ce deux dernières années, un processus de mutation est en cours.

Les entreprises ont dû réaliser d'importants gains de productivité et cela en l'espace de quelques trimestres. La plupart des solutions, comme l'augmentation des achats à l'étranger, la relocalisation d'emplois ou le gel des effectifs, affaiblissent sensiblement la dynamique économique.

La force du franc ne pénalise pas seulement les firmes tournées vers l'exportation, a noté M. Minsch. La chaîne de la sous-traitance, qui doit se battre pour décrocher des contrats, et le commerce de détail, lequel doit affronter le tourisme d'achat à l'étranger, sont aussi touchés. Tout comme les importateurs et les grossistes, concurrencés par les importations directes.

CRISE DE LA DETTE

Toute l'économie pâtit de la cherté du franc. Le processus d'adaptation va se prolonger une bonne partie de l'an prochain, cette phase de mutation étant appelée à durer. Pour mémoire, en juin, economiesuisse tablait encore sur une croissance de 1,7% l'an prochain.

Jusqu'ici, la reprise rapide et robuste après la crise financière de 2009, la cours plancher du franc par rapport à l'euro fixé par la Banque nationale suisse (BNS) début septembre, la solidité financières des entreprises et l'abandon par ces dernières des structures non rentables, ainsi que le flux d'immigration, ont permis d'atténuer la rapide hausse du franc. De plus les importations sont devenues meilleur marché.

Mais depuis l'été les conséquences de la crise de la dette européenne sur la Suisse sont palpables, avec un net ralentissement conjoncturel sur les principaux marchés d'exportation. Et elles s'intensifieront en 2012, la zone euro devant stagner sur le plan économique. Le PIB ne devrait en outre progresser que de près de 2% en 2011 contre 2,7 en 2010.

Surtout soutenue par le marché intérieur, la croissance future de l'économie helvétique dépend de l'évolution de la crise de la dette dans la zone euro. Dans son scénario le plus probable, economiesuisse ne compte pas sur une détérioration de la situation de l'endettement.

ITALIE COMME PIVOT

Si une amélioration n'est pas attendue dans un proche avenir, une détérioration ne peut en revanche être exclue, selon M. Minsch. Une dynamique négative incontrôlée en Italie remettrait en question l'euro dans sa forme actuelle et précipiterait l'Europe et probablement le reste du monde dans une profonde récession.

L'an prochain, la croissance sera surtout soutenue par le marché intérieur, avec une expansion toujours robuste dans la construction de logements et le génie civil, ainsi qu'une consommation des ménages en hausse.

Sur le front de l'emploi, la demande de travailleurs qualifiés va se maintenir et les personnes victimes de licenciement retrouveront souvent rapidement du travail. Le taux de chômage ne devrait que modérément progresser à 3,6% contre 3,1% en 2011.

Evoquant à son tour la crise de la dette, le directeur d'economiesuisse, Pascal Gentinetta, a relevé que la Suisse a tout intérêt à ce que l'Union européenne (UE) mette enfin un terme à ses déséquilibres budgétaires structurels majeurs. Au niveau des relations bilatérales, une centralisation supplémentaire est possible au sein de l'UE, ce qui ne simplifiera pas les négociations à venir.

La pression de Bruxelles sur la Suisse dans le domaine fiscal devrait se maintenir. L'économie helvétique devra relever toute une série de défis dans un environnement économique difficile. Et M. Gentinetta d'appeler les politiques à améliorer en permanence les conditions cadres de la place économique suisse. Economiesuisse présentera en détail ses exigences politiques le 12 janvier.

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