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L’entreprise basée au Locle parle d’une année 2011 «exceptionnelle». Les effectifs de la société en mains de LVMH ont atteint un niveau record
Il évoque une «année 2011 exceptionnelle, hors norme, magnifique». Et à l’instar de beaucoup de sociétés horlogères, il s’agit d’un «exercice record». Jean-Frédéric Dufour, directeur général de la manufacture horlogère locloise Zenith ne boude pas son plaisir. 2011 restera comme une étape clé, de référence.
La marque revient pourtant d’assez loin. Ces dernières années, elle s’était quelque peu dispersée avec l’ancienne direction en termes de produits, plongeant ses aficionados dans la circonspection. Mais depuis qu’il a repris les rênes le 1er juin 2009 de la société en mains du groupe de luxe LVMH, Jean-Frédéric Dufour, ancien de Chopard, Blancpain ou encore Ulysse Nardin, a remis de l’ordre dans cette maison qui n’a jamais cessé ses activités depuis 1865, et connue pour son mouvement chronographe automatique, le fameux El Primero.
«Notre croissance s’est élevée à deux chiffres en 2011. Mais je ne peux détailler car nous appartenons à un groupe coté en bourse», s’excuse presque le patron. Une progression qui suit celle de 60% affichée sur l’exercice précédent. Le pôle horlogerie-joaillerie de LVMH, dans lequel est intégré Zenith, a connu des ventes en hausse de 26% après neuf mois en 2011, dernier chiffre connu.
Jean-Frédéric Dufour ne sera pas plus disert sur le nombre de montres écoulées l’an dernier mais parle toujours d’une cible, à terme, de 40 000 à 50 000 pièces par an. Aujourd’hui, c’est un peu plus de la moitié de ce chiffre.
L’exercice écoulé est aussi à marquer d’une pierre blanche pour la marque haut de gamme aux 300 brevets et 2333 prix de précision. La société a en effet ouvert ses trois premières boutiques en propre, à Shanghai, Hongkong et Genève. Auparavant, elle procédait surtout par franchises. Et le succès semble au rendez-vous. «En un mois, depuis que nous avons inaugurée (notre boutique) au 35 de la rue du Rhône, nous y avons écoulé plus de montres que ce que vend un détaillant helvétique sur une année entière. C’est dire le potentiel qu’il reste à exploiter». A terme, Zenith souhaite disposer d’une dizaine de boutiques en propre à travers le monde. Qui viendront en complément de 700 points de vente déjà opérationnels.
En termes de marché, un accent particulier sera mis sur l’Amérique du Sud, avec ses 900 millions de consommateurs potentiels. «Je crois davantage à cette région du monde que, par exemple, l’Inde, où il manque encore cruellement d’infrastructures et qui a une maturité économique qui ne rivalise pour l’heure pas avec la Chine.» Un pays où les ventes s’envolent pour Zenith.
Pour faire face à sa croissance, la société s’est lancée dans un processus de transformation et de rénovation de ses capacités de production, qui se fera en trois étapes. La première, destinée à optimiser le processus de fabrication et l’organisation logistique, a déjà débuté sur son site historique. Montant de l’investissement: 20 millions de francs. La deuxième concernera le service après-vente.
Le directeur général, artisan du redressement de la marque, se montre un peu plus dubitatif pour l’exercice en cours en raison de la morosité économique. Mais il reste malgré tout optimiste. La société, qui fêtera en 2015 ses 150 ans, est toutefois toujours en phase d’embauche. Ses effectifs ont dépassé le niveau atteint avant la dernière crise, soit 330 personnes. Jean-Frédéric Dufour nourrit de grandes ambitions à terme. Il estime que «la barre des 300 à 400 millions de francs est tout à fait atteignable» pour l’entreprise. Ce qui signifierait un doublement des ventes.
Bastien Buss
LE TEMPS
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