« Cartier a une autoroute de croissance devant lui »
 
Le 18-01-2012

La marque de joaillerie-horlogerie fait preuve aussi bien de sérénité que de prudence pour l’exercice en cours

Marque amirale et principale pourvoyeuse de bénéfices du groupe Richemont, Cartier étale sa puissance de feu au 22e Salon international de la haute horlogerie de Genève (SIHH). Sur le plus grand stand de la manifestation – et de loin –, la marque, aussi bien active dans l’horlogerie que dans la joaillerie, présente 117 nouveautés.

«Je n’ai aucune emprise sur les événements extérieurs, ni sur la crise de l’endettement en Europe, ni sur la morosité conjoncturelle en général. Mon rôle est de préparer notre société à tous les scénarios possibles. Nos différents sites de production doivent être capables d’avoir une amplitude à la hausse comme à la baisse très rapidement», a expliqué au Temps Bernard Fornas, président de la marque. Au passage, cet ancien de l’International Gold Corporation, de Guerlain ou encore de Baume & Mercier, marque apparte0nant aussi à Richemont, refuse le terme de bulle pour l’industrie du luxe. Cartier est donc prêt à réagir quelle que soit l’hypothèse conjoncturelle qui se réalisera en 2012.

Et, si le pire devait se réaliser, le patron n’en perd pas moins son appétit. «C’est dans les périodes de morosité que les plus importantes parts de marché se gagnent, les clients se tournant vers les marques authentiques, innovantes, avec de la substance et une valeur patrimoniale.»

La marque, numéro un mondial de la joaillerie, se montre donc modérément optimiste mais sereine pour l’exercice en cours. «La prudence ne signifie cependant pas que tout s’arrête. Il faut rester audacieux, créatif et agressif.»

«Potentiel colossal»

Malgré un horizon économique qui s’est assombri, le patron ne perçoit pour l’heure aucun signe de ralentissement. Il en veut pour preuve les informations de ventes concrètes qu’il obtient presque en temps réel dans son réseau de 303 boutiques à travers la planète. A plus long terme, la marque française, qui dispose de sites à La Chaux-de-Fonds, Villars-sur-Glâne (FR), Glovelier (JU) ou Buttes (NE), et peut-être bientôt un autre dans le Val-de-Travers, ne nourrit aucun doute sur ses perspectives. La joaillerie pourrait en particulier fleurir. «Ce n’est pas vraiment un marché de marques. Il existe des centaines si ce n’est des milliers d’acteurs, mais nous ne cessons de nous arroger une part plus importante de ce gâteau, estimé à entre 180 et 200 milliards de dollars par an.» Toutes les marques, telles que Cartier, Tiffany ou Bulgari, ne pèsent que 7% de l’ensemble. «Cartier a donc une autoroute de croissance devant lui, un potentiel colossal», se réjouit le président. Dans l’horlogerie, la montée en puissance se poursuit également pour la marque, qui générerait 50% du bénéfice d’exploitation du groupe genevois. Presque absent de la haute horlogerie de complications il y a une décennie, Cartier propose désormais une cinquantaine de références, 17 mouvements, dont 11 élaborés à l’interne.

Colère contre des copies

Ce segment particulier pèse désormais entre 10 et 15% du chiffre d’affaires de la marque, contre moins de 1% à l’époque. Pour les autres montres méca­niques, la production émane presque entièrement de l’interne, selon le patron. Les analystes estiment les ventes globales de l’entreprise (joaillerie et horlogerie), qui emploie près de 2000 personnes en Suisse, à plus de 2 milliards de francs. Bernard Fornas ne commente pas, la marque ne publiant pas le détail de ses chiffres.

Dans un autre registre, il vilipende ces sociétés horlogères suisses qui copient «sans vergogne» les modèles de son entreprise. Notamment une société ­genevoise qui a fait «du copier-coller» avec l’une de ses références. «J’ai presque envie de pleurer quand j’observe ces pratiques. Ces gens méritent d’échouer. Comment voulez-vous que je les respecte? C’est du pillage et du vol.» Cartier promet que l’affaire n’en restera pas là.

Bastien Buss
LE TEMPS

 

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