|
Pour Bernard Fornas, PDG de Cartier, la marque est parfaitement positionnée dans l’horlogerie et en Chine.
Dans son bureau éphémère, installé dans le stand de Cartier au Salon international de la haute horlogerie de Genève, Bernard Fornas semble comme chez lui. Il est vrai que le PDG de la marque a l’habitude d’être partout, sauf au même endroit. «Je voyage sept à huit mois par an. Je suis sur la route tout le temps. Cette semaine est sans doute la seule où je ne suis pas en déplacement.»
Car l’homme, à la carrure imposante, encadrée par un costume aussi sobre, aime le terrain. «Il faut aller voir ce qui se passe, sentir les choses sur place. On rassemble ainsi de l’information, et des outils pour anticiper car on rassemble de l’information. De plus, lorsqu’on a 300 boutiques dans le monde, et qu’on connaît leur chiffre d’affaires et leur panier moyen, c’est un baromètre exceptionnel.»
Joaillier No 1 en Chine
Car il s’agit de répandre, voire renforcer l’image de Cartier dans le monde entier. A commencer par la Chine, où la marque s’est désormais imposée, souligne-t-il. «Lorsque nous nous sommes installés en 2002, notre première préoccupation a été de transmettre le fait que Cartier est le roi des joailliers. Aujourd’hui, l’étude Hurun (ndlr: réalisée par un groupe spécialisé dans le luxe) nous considère comme la marque de joaillerie la plus désirable en Chine. Nous avons réussi dans un pays où nous étions encore très peu présents il y a dix ans.»
L’éternité comme objectif
Quant au futur, il brille de mille feux. L’avenir sera fabuleux, «particulièrement pour les marques qui savent protéger leur image, leur ADN et la qualité de leurs créations. Dans les moments de crise, les clients vont immédiatement vers les marques qui ont une tradition et une légitimité. Théoriquement, ces marques sont là pour l’éternité.»
Autre défi dont Bernard Fornas n’est pas peu fier: le positionnement de Cartier dans le domaine de l’horlogerie. «Nous sommes à peu près la seule maison capable de sortir autant de nouveautés dans tous les segments.»
De plus, insiste-t-il, «en cinq ans, Cartier est devenu l’un des grands acteurs en matière de mouvements. Rien que dans ce domaine, nous avons présenté 47 nouveautés, avec 19 mouvements, dont 16 réalisés à l’interne.» Un fait qui compte lorsqu’on se souvient que Swatch a décidé de ne plus livrer de mouvements à ses concurrents.
Lorsqu’on l’interpelle sur les écarts séparant toujours plus les superriches des superpauvres, il balaie d’un geste large toute tentative de polémique: «On assiste à la création de nouvelles richesses très importantes. Cela crée des demandes, des envies. Nous sommes là pour les combler.»
Il prend l’exemple des bagues de fiançailles, marché dans lequel Cartier caracole en tête de peloton: «Certains de nos clients vont dépenser des sommes fabuleuses, de façon répétée. Pour d’autres, il s’agira de l’achat de leur vie. Peu importe, pour nous, ils sont tous des clients de Cartier.»
Lui-même féru de voitures anciennes et d’art contemporain, il partage la passion des pièces uniques: «J’aime bien collectionner et je collectionne tout. De petites machines horlogères, des montres aussi. Cela va de pair avec les voitures: il y a une carrosserie et un moteur.»
Une nouvelle icône horlogère
Ce ne sont pas moins de 28 nouvelles références horlogères que nous dévoile cette année Cartier. Une «puissance de feu» à laquelle les connaisseurs sont habitués mais qu’aucune autre marque exposant au SIHH ne parvient à égaler. Et à chaque édition, son icône. Il s’agit ici de la Tank Anglaise. Une montre qui revisite les codes esthétiques, d’un des modèles les plus célèbres de la maison, à savoir la Tank.
Lancée en 1919, elle tire son nom et son design des chars de la Première Guerre mondiale. Or, ce qui distingue ce nouvel opus au caractère affirmé, c’est une volonté ferme de pousser ces codes à leur paroxysme. Jamais le bracelet n’avait été si parfaitement intégré à la boîte. Jamais la recherche de l’épure n’avait été aussi aboutie. Ce qui passe par un travail de continuité des lignes, de face comme de profil, mais également par une discrétion maximale de la couronne de remontoir; seule la pointe d’un diamant dépassant du boîtier permet réellement de la repérer.
Déclinée au féminin comme au masculin, en or blanc, rose ou jaune, serti ou non de diamants, la Tank Anglaise délaisse le quartz pour un mouvement mécanique à remontage automatique uniquement lorsqu’elle adopte des tailles généreuses. La plus grande allant même jusqu’à se doter d’un calibre manufacture visible au verso de la montre. Un véritable délice promis à de grandes heures. Le plaisir atteint la somme de 22 100 euros hors taxes, soit plus de 29 000 francs.
Tribune de Genève - 19 janvier 2011
Katarzyna Gornik |