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Le KOF note un léger mieux en janvier. Mais les patrons ne sont pas prêts à recruter pour autant. L’attentisme domine
Soubresaut ou retournement précoce? Selon le KOF, la légère amélioration de son indicateur trimestriel de l’emploi, publié lundi, est à considérer avec prudence. La progression des employeurs prévoyant une augmentation de leurs effectifs par rapport à ceux qui envisagent une réduction «tient au fait que les entreprises portent un jugement un peu plus positif sur la situation actuelle de l’emploi qu’il y a trois mois. Les attentes concernant son évolution future sont en revanche presque aussi pessimistes qu’en octobre», pondèrent les experts de l’institut zurichois, en toute fin de communiqué.
Après une chute continue en 2011, l’indice semble pourtant avoir touché un plancher au 4e trimestre, à –5,2 points. Pour les trois premiers mois de 2012, il est remonté à – 4,4 points, certes encore très loin des +7,6 points d’il y a un an. «L’indicateur ne montre pas d’amélioration mais la détérioration sera faible», précise l’économiste senior du KOF. Et Roland Aeppli d’élargir la vision: «Même si la demande stagne, l’offre d’emploi progressera, en raison des effets démographiques.»
En même temps, l’indice des postes à repourvoir, publié par Adecco la semaine dernière, fait état d’un recul généralisé des offres d’emploi sur Internet et dans les médias. A 92,3 points (base 100 en 2008), le «Swiss Market Job Index» a atteint son plus bas niveau de 2011 au dernier trimestre. «Dans une comparaison au long cours, l’offre d’emploi se situe toujours à un niveau élevé», indique cependant Adecco.
L’Europe et le franc ne sont pas seuls en cause
Publiée en décembre, la «prévision nette d’emploi» de Manpower pour le premier trimestre 2012, elle, a fait ressortir que près de neuf patrons sur dix (754 ont été sondés) n’envisagent aucun changement dans le nombre de leurs employés. Pour le directeur général de Manpower Suisse, cela traduit une attitude clairement attentiste. Et ce sont «les incertitudes actuelles, liées à la crise de la dette et au franc fort», qui en sont la cause. «Les employeurs préfèrent évaluer les développements économiques avant d’entreprendre de nouveaux engagements», selon Urs Schüpbach.
«Il s’agit de ne pas lier la hausse ou la baisse du chômage à un seul facteur», reprend l’économiste du KOF, lorsqu’on l’interroge sur la portée de la situation en Europe sur le marché suisse du travail. «Il y a toujours des variations aléatoires. A mon avis, les deux précédentes baisses de notre indicateur étaient exagérées, le chiffre du jour traduit sans doute une correction.»
Le Secrétariat d’Etat à l’économie publie ses chiffres mercredi 8 février. Pour Roland Aeppli, une nouvelle hausse du chômage (3,3% en décembre) est à prévoir. Mais surtout pour des raisons saisonnières, l’hiver se prêtant moins au recrutement de personnel pour travailler à l’extérieur, comme dans la construction.
Servan Peca
LE TEMPS
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