CARTIER - Au cœur de la manufacture
 
Le 10-02-2012

Le bâtiment qui regroupe la production de la marque prestigieuse abrite plus de 1100 collaborateurs.

Surgissant au milieu d’une colline poudrée de neige, la manufacture de Cartier de La Chaux-de-Fonds impressionne d’emblée par sa taille imposante. «Dans les années 2000, la société a décidé de réunir tous les métiers sous le même toit», explique Carole Forestier-Kasapi, responsable du développement des mouvements horlogers de la marque, détenue par le groupe Richemont. Plus de 175 métiers sont en effet concentrés sur une surface de 33 000 mètres carrés.


Un établisseur en Suisse

«Cartier fabrique des montres depuis les années 1900. Mais il s’agissait de très petites séries, car à l’époque, ces objets n’étaient pas accessibles à tout le monde.» La marque était alors un établisseur, c’est-à-dire qu’elle achetait des mouvements – exclusifs – à des partenaires comme Jaeger-LeCoultre, Audemars Piguet, Patek… Puis, les intégrait dans ses boîtiers. Mais dans les années 70, le succès des collections conduit la société à créer sa propre manufacture.

On y fabrique désormais les boîtiers, les glaces protégeant le cadran, les aiguilles, le mouvement… Ainsi que des pièces très compliquées, de la haute horlogerie, et des montres dites de «métier d’art», qui réclament le talent de joailliers, de sertisseurs et d’émailleurs. Sans oublier un atelier de restauration de pièces anciennes, qui reçoit des commandes du monde entier. «Ce n’est pas un atelier de réparation, mais bien de restauration de modèles qui ne sont plus produits», précise Carole Forestier-Kasapi.

«Ici, nous faisons un grand écart constant entre les robots et l’homme, entre la grande technologie et l’artisanat, qui repose sur la précision de la main et de l’œil», commente Carole Forestier-Kasapi.

Dans le département du développement, qui occupe plus de 30 personnes, on commence par les idées. Créer un mouvement peut demander trois à cinq ans de travail. Un projet de boîtier s’étend sur une année, voire deux.

Une fois les dessins «d’intention» validés, on passe à la réalisation de maquettes en cire, puis en métal. Chaque détail, même le plus infime, est revu, discuté, mis en question. Ensuite, de véritables guides de montage sont établis.

La moindre étape de l’assemblage d’une montre y est décrite avec précision. Y compris le type d’huile à utiliser, avec quelle force une vis doit être fixée. «Dans un mouvement simple, on doit appliquer entre 60 et 70 points d’huile, de 5 sortes différentes.» Un mouvement «manufacture», c’est-à-dire entièrement réalisé à l’interne, nécessite par ailleurs 25 opérations pour être assemblé.


Détails invisibles

Après cette phase où domine la vision d’ensemble du produit, on s’immerge dans un univers de détails. Tel le secteur des aiguilles. Ici, on découpe des bandes de métal en brindilles qui indiqueront les heures. On les polit, une à une, on leur imprime une forme bombée — toujours une à une — pour finalement les passer au four pour les colorer du «bleu Cartier», par oxydation.

Les machines usinent 40 à 50 km de maillons par an pour les bracelets de montre? Mais chaque maillon est satiné, poli à la main et vissé aux autres manuellement. De même, le décor des fonds de cadran, qui peut tripler la valeur de la montre. On le comprend mieux, lorsqu’on observe une dame appliquer point à point d’infimes reliefs pour obtenir le «perlage» d’une pièce.

La manufacture, destinée à l’origine à abriter 650 personnes, en accueille aujourd’hui plus de 1100. Dans un avenir proche, les visiteurs seront sans doute encore plus ébahis par le gigantisme du site. Car la firme mondialement connue vient d’obtenir l’accord du Conseil général de La Chaux-de-Fonds pour acheter un nouveau terrain, à un jet de pierre de l’édifice actuel. A terme, Cartier projette également de créer encore 300 emplois.



Tribune de Genève
- 9 fevrier 2012

Katarzyna Gornik

 

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