JAEGER-LECOULTRE - La manufacture résiste à la crise et embauche
 
Le 29-02-2012

Le groupe combier recrute à tour de bras. Et affirme être le deuxième employeur industriel du canton

A l’heure où franc fort et mauvaise conjoncture mondiale font trembler certains secteurs de l’économie helvétique, la haute horlogerie combière affiche une santé pour le moins rassurante. Dans ce berceau de la création et de la production horlogère, plusieurs entreprises de haute technologie transpirent pour faire face à des carnets de commandes bien remplis. «Les grands groupes sont à la recherche de collaborateurs, on sent très bien qu’il y a une pression», souligne Eric Duruz, directeur de l’Association pour le développement des activités économiques de la vallée de Joux (ADAEV).

Une tendance à laquelle Jaeger-LeCoultre n’échappe pas. «Nous avons créé 150 nouveaux postes l’an dernier, soit une augmentation d’environ 10% des effectifs», confirme Stéphane Belmont, directeur marketing et technique du groupe horloger, revenant sur une information parue dans Le Temps. L’entreprise déclare être aujourd’hui le deuxième plus important employeur industriel du canton; une affirmation que les autorités cantonales n’ont pu ni confirmer ni infirmer. Reste que la situation du leader, le groupe Bobst, est nettement moins enviable. Victime de la crise économique et du franc fort, l’entreprise spécialisée en équipements et services pour les industries de l’emballage devrait en effet supprimer plus de 400 postes de travail d’ici au deuxième trimestre 2013.

Perles rares

Rien à voir avec l’ambiance qui règne chez Jaeger-LeCoultre. Installée sur une surface de 25 000 m2 au Sentier – dont un bâtiment flambant neuf de 9000 m2 – et comptant 1260 employés, la firme cherche encore à étoffer ses effectifs. «Nous avons une cinquantaine de postes à repourvoir, relève Stéphane Belmont. Et si nous avons besoin de nouveaux collaborateurs, ce n’est pas tant parce que le nombre de commandes connaît une forte hausse, mais surtout parce que nous devons faire face à une complexité grandissante de nos produits.»

Une complexité qui exige des compétences bien particulières, parfois difficiles à dénicher. «Ce n’est effectivement pas toujours évident de trouver des collaborateurs qualifiés et de les attirer à la Vallée», concède le directeur marketing. Dans le secteur, on a donc pris l’habitude depuis plusieurs années de former nombre d’employés à l’interne. «Leurs qualifications sont précieuses. Elles sont d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les groupes horlogers combiers n’ont presque pas licencié pendant la crise de 2008, précise Eric Duruz. Les entreprises font même de gros efforts pour maintenir ce capital humain.»

Souvent méconnue du reste du canton, la vallée de Joux rappelle donc à qui veut l’entendre sa position enviable. «Nous comptons environ 6500 habitants dans la région et plus de 6600 postes de travail, souligne le directeur de l’ADAEV. Et nous pouvons encore en absorber davantage.»

Nouveau trésor de précision dévoilé
Avec comme ambassadeur l’acteur Clive Owen, Jaeger- LeCoultre a présenté en janvier son nouveau bijou lors du Salon international de la haute horlogerie à Genève. «Il y avait jusqu’à 20 concurrents qui sont venus épier le fonctionnement de la Sphérotourbillon», se rappelle Christian Laurent, le chef de l’atelier des hautes complications de Jaeger- LeCoultre. Les commandes ont dépassé de loin toutes les attentes, alors que le prix du modèle est d’environ 200 000 euros (près de 241 000 francs suisses).

La manufacture ne produira que 15 à 20 Sphérotourbillon par année. Et pour cause. Cette montre à complications est une petite révolution en soi. Visible au travers du cadran ajouré, une sorte de minuscule toupie oscille à côté du cadran horaire: c’est un double tourbillon (ndlr: cage tournante réduisant les effets de la gravité), qui tourne autour d’un axe incliné à 20 degrés, en plus de tourner sur lui-même. Au centre de la toupie, le ressort spiral (ndlr: qui entraîne le balancier dans un sens, puis dans l’autre) est sphérique. L’effet visuel est saisissant: c’est le coeur de la montre qui bat.

Avec ce double tourbillon combiné, la montre s’affranchit de la gravité quelle que soit sa position: elle atteint ainsi une précision d’une seconde par jour, contre 3 à 10 secondes dans les montres traditionnelles. La Sphérotourbillon est en outre le premier modèle du monde qui permet d’arrêter l’aiguille des secondes et de la ramener à zéro (fly-back) pour effectuer un réglage ultraprécis de l’heure. Une nouvelle prouesse de la technologie Dual-Wing, qui permet à la montre de proposer des complications sans altérer sa précision. Cette technologie novatrice a donné naissance à la ligne Duomètre, dont la Sphérotourbillon est le quatrième modèle.

24heures - 27 février 2012

Delphine Neyaga

 

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