La Montre Hermès entend croître de plus de 10% cette année
 
Le 09-03-2012

La société horlogère va engager une dizaine de collaborateurs cette année. L’entreprise sise à Brügg accélère son processus de verticalisation

Cinq, six, huit, dix pourcent? Ou même au-delà? Quelle pourrait être la progression de l’industrie horlogère cette année? La question alimente bien des discussions à Baselworld ces jours. Pour la Montre Hermès, l’équation s’avère presque plus simple, du moins plus précise.

«Nous devons être un relais de croissance pour notre maison mère. Et comme notre patron Patrick Thomas a dit espérer au moins 10% de hausse des ventes, on va essayer de faire mieux», a indiqué au Temps Luc Perramond, directeur du pôle horloger de la prestigieuse maison française, dans le cadre du salon bâlois. Il se dit confiant d’y parvenir. «Le début d’année est très bon, avec des taux de croissance supérieurs à ceux du quatrième trimestre ndlr: 14,9%]. Mais nous restons vigilants face aux incertitudes économiques, notamment celles liées à la crise de l’endettement européen», selon le patron. L’an dernier, sa division avait surpassé la progression des exportations horlogères suisse, avec une hausse de 22,9% à 138,7 millions d’euros, contre +19,2% pour l’industrie.

Intégrer le savoir-faire

La Montre Hermès, basée à Brügg (BE) et établie en Suisse depuis 1978, accélère par ailleurs sa verticalisation et l’intégration de nouvelles compétences à l’interne. Après avoir acquis récemment le tiers de la société Joseph Erard, ­fabricant de boîtiers de montres haut de gamme jurassien, elle est entrée en négociations exclusives pour acquérir 100% du capital de Natéber, une manufacture de cadrans haut de gamme basée à La Chaux-de-Fonds, employant 60 personnes. En 2006, Hermès avait déjà pris 25% du capital du ­fabricant de mouvements neu­châtelois Vaucher Manufacture, sis à Fleurier. «Ces opérations visent deux objectifs majeurs dans des secteurs clés», explique Luc Perramond, un ancien de TAG Heuer ou du joaillier brésilien H. Stern. D’abord, continuer à mieux ­maîtriser les savoir-faire horlogers. Ensuite, sécuriser l’approvisionnement des composants. La marque ne se contente toutefois pas d’une seule source. Même après le rachat prévu de Natéber, qui devrait se concrétiser dans les semaines à venir, elle continuera de passer commande auprès d’autres fournisseurs.

Premier mouvement maison

La Montre Hermès, qui avait marqué les esprits l’an dernier avec une montre intitulée le «Temps suspendu», lauréate depuis de deux prix prestigieux, mise beaucoup sur l’édition 2012 de Baselworld. A cette occasion, elle présente pour la première fois un calibre qualifié de maison, fruit de la collaboration avec Vaucher. Doté d’un double barillet, il a nécessité six ans de développements et fiabilisation. Il est destiné à devenir un mouvement de base, qui recevra à l’avenir des modules additionnels. Ce calibre est aussi bien conçu dans une version masculine et dans une autre plus fine pour les modèles féminins.

Pour accompagner sa croissance, l’entreprise va renforcer ses capacités cette année. La marque est à la recherche d’une dizaine d’horlogers et d’emboîteurs, qui viendront rejoindre les 109 collaborateurs actuels, soit une progression prévue de près de 10% des effectifs. A terme, l’objectif est d’effectuer l’entier de l’assemblage de pièces mécaniques in situ, grâce à une nouvelle salle grise. Avec ce rythme de croissance, Hermès, par ailleurs sellier et célèbre fabricant de carrés de soie, pourrait à moyen terme se retrouver à l’étroit sur son site bernois. Mais tout est prévu pour une éventuelle extension, avec des réserves foncières assurées.

Le groupe a quant à lui affiché un chiffre d’affaires record pour l’exercice écoulé, à 2,84 milliards d’euros. Soit 18,3% de plus qu’en 2010, où les ventes avaient déjà été d’un quart supérieur à 2009. Hermès espère franchir cette année les 3 milliards d’euros, mais le résultat final dépendra notamment de la capacité à pallier le manque de stocks, avait dit récemment Patrick Thomas. Il a, à cette occasion, résumé de manière succincte mais ciblée la philosophie du groupe: «L’ambition de la maison n’est pas d’être grosse, mais meilleure. La taille n’a pas beaucoup d’importance. Ce qui compte, c’est la qualité de l’objet.»

Bastien Buss
[LE TEMPS

 

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