Breitling a atteint son altitude de croisière industrielle
 
Le 12-03-2012

La société vient de finir l’agrandissement de son site de Granges. Quelque 40 000 mouvements en propre ont été produits l’an dernier

Avant nombre de ses pairs. Alors qu’un florilège de sociétés horlogères n’a pas voulu prendre en main son destin industriel et ne le fait toujours pas, malgré les récurrents coups de semonce de Swatch Group quant aux livraisons de composants, Breitling a pris les devants. Après cinq ans de travail acharné, du concept à sa fiabilisation, c’est en 2009 à Basel­world que la marque de Granges (SO), spécialiste du chronographe, a lancé son premier mouvement 100% élaboré à l’interne et, de facto, «Swiss made». Avec sa réserve de marche supérieure à 70 heures et ses 346 composants, il a désormais atteint son rythme de production industrielle.

«L’an dernier, nous en avons fabriqué environ 40 000. Que ce soit le B01, ou ses versions GMT ou heures universelles. Notre capacité totale se situe à 50 000 pièces par an. Ce qui nous laisse encore beaucoup de flexibilité», a indiqué au Temps Jean-Paul Girardin, vice-président de la marque horlogère, rencontré dans le cadre de la manifestation horlogère rhénane. Ce mouvement de base équipe désormais près de la moitié des chronographes mécaniques de l’entreprise, alors que la production totale, quartz compris, est estimée à 200 000 pièces par an.

Investissements importants

L’objectif est limpide: une approche de verticalisation partielle, destinée à réduire sa dépendance par rapport à son principal fournisseur de mouvements, ETA. Pour cela, la société indépendante a consenti des investissements importants, non dévoilés – pudeur horlogère oblige –, mais à hauteur de plusieurs dizaines de millions de francs. Corollaire, les montres équipées du calibre maison coûtent désormais en moyenne 8000 francs, contre 6000 pour celles dotée du Valjoux d’ETA. Et la demande est telle que l’entreprise pourrait même devoir à terme étendre les capacités de Breitling Chronométrie, nom de son site chaux-de-fonnier, où les calibres sont produits. La société dispose d’ailleurs déjà du terrain et des plans pour s’agrandir.

Deux ou trois enseignes cette année

L’entreprise au B ailé, qui compte aujourd’hui plus de 400 collaborateurs, répartis entre le siège de Granges et les filiales de La Chaux-de-Fonds et de Genève, va d’ailleurs poursuivre cet effort d’intégration du savoir-faire. Surtout dans les domaines où il n’existe qu’un seul fournisseur sur le marché. Par contre, une telle démarche n’est pas prévue pour les cadrans, les aiguilles ou encore les boîtes de montres, tempère Jean-Paul Girardin.

La société, qui n’a connu que cinq directeurs généraux, à chaque fois son propriétaire et qui est en mains de la famille Schneider, vient de finir l’agrandissement de son site de Granges. Sur 1000 m2 et deux étages, elle dispose ainsi de nouveaux bureaux administratifs, d’espaces pour la formation et de locaux techniques. Ce qui permet de libérer de la place pour les capacités productives. Investissements? A nouveau des montants qui se comptent en millions.

La marque, dont le chiffre d’affaires est estimé à un peu moins de 300 millions de francs par la banque Vontobel, étoffe aussi son réseau de boutiques en propre ou franchisées. Il en existe pour l’heure une vingtaine, pour la plupart gérées par des détaillants indépendants. «Depuis 2010, nous exploitons une enseigne en propre à New York et en avons ajouté deux l’année dernière. Notre objectif est d’en ouvrir d’autres, mais pas à un rythme effréné. Peut-être deux ou trois cette année. Nous continuerons de travailler avec nos détaillants de longue date», précise le vice-président. La marque est représentée dans 2200 points de vente à travers la planète, un chiffre stable depuis plusieurs années. Les Etats-Unis demeurent son principal marché.

Pour Breitling, l’année de référence reste 2008. L’an dernier, la société, la seule dans le monde horloger à certifier à 100% par le COSC les mouvements qu’elle utilise, s’en est approchée. En ce qui concerne l’exercice en cours, Jean-Paul Girardin parle de «perspectives positives malgré les incertitudes économiques». Le développement en Chine, où elle n’est pas aussi présente que d’autres marques, sera l’un de ses axes prioritaires.

Bastien Buss
LE TEMPS

 

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