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Le groupe américain demande 542 millions, tandis que l’entreprise biennoise revendique 3,8 milliards
Un différend aux énormes retombées potentielles. Un conflit en milliards. Ce sont les sommes qui sont en jeu dans la bataille judiciaire que vont désormais se livrer l’américain Tiffany et le suisse Swatch Group suite à l’arrêt brutal de leur collaboration l’an dernier.
Dans un communiqué de presse publié lundi, le groupe biennois a fait savoir que son ancien partenaire lui réclamait 541,9 millions de francs. C’est en fait la réponse du groupe américain aux poursuites avec demande de 3,8 milliards de francs de dommages et intérêts déposées fin décembre par l’entreprise dirigée par Nick Hayek. «C’est purement tactique de la part de Tiffany. Ils se devaient de répliquer. Etonnant qu’ils l’aient fait si tardivement», explique une spécialiste judiciaire.
Concurrencer Cartier
Swatch Group a déclaré s’opposer intégralement à cette revendication qui «est sans fondement factuel ni juridique», a-t-il rétorqué. Il souligne avoir investi des millions dans ce projet que Tiffany aurait selon lui sabordé. En d’autres termes, le groupe américain n’aurait rien investi laissant tous les risques à Swatch Group.
Comment est-on arrivé là? En 2007, l’ambiance était pourtant au beau fixe entre les deux groupes. Ils signaient même en grande pompe un partenariat l’année d’après. On évoquait à l’époque des ventes potentielles de près d’un demi-milliard de francs à long terme pour la société Tiffany Watch, fondée par Swatch Group. Générant de grands espoirs auprès des deux acteurs, les premières collections avaient été présentées en 2009. Mais l’idylle censée durer au moins vingt ans a tourné court. Quatre ans après son lancement, Swatch Group cessait unilatéralement la coopération. Motif? Violation grave des relations contractuelles, selon le groupe. S’y ajoutent des reproches de comportement «systématique» empêchant et retardant le développement des affaires. Tiffany n’aurait ainsi jamais fait l’effort nécessaire pour promouvoir les montres homonymes dans ses propres boutiques, selon un proche du dossier. «C’est dommage parce qu’ils manquent une opportunité d’enfer», disait Nick Hayek. Signe de l’importance que revêtait ce partenariat aux yeux du numéro un mondial de l’horlogerie, sa responsable opérationnelle n’était autre que Nayla Hayek, actuelle présidente du groupe.
La déception pour Swatch Group est d’autant plus grande que cette marque était aussi destinée à venir concurrencer des rivaux comme Cartier ou Bulgari. Il n’en sera donc rien. Les deux anciens partenaires vont en découdre devant les tribunaux.
Bastien Buss
LE TEMPS
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