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De chômeur à créateur d’entreprise, la transition n’est pas si illusoire sachant que la réussite est souvent au rendez-vous, constate une étude de l’EPFL. Un succès particulièrement répandu en Suisse.
Consulting, fleuriste, architecte… «L’Etat aide les chômeurs souhaitant lancer leur entreprise et notre étude montre que c’est un bon investissement», constate Marc Gruber, professeur d’entrepreneuriat à l’EPFL.
En collaboration avec les offices de chômage de Suisse, Allemagne, France et Belgique, l’équipe du chercheur lausannois a adressé à d’ex-chômeurs devenus patrons plus de 48'000 questionnaires, dont le dépouillement (en France) et l’exploitation se poursuivent.
Principaux enseignements à ce stade: le taux de survie des entreprises lancées en Suisse par ces ex-chômeurs atteint 88,7% après trois ans. Un taux légèrement meilleur qu’en Allemagne (87%) et en Belgique (77,7%).
Ces chiffres dépassent les moyennes généralement observées en matière de création d’entreprises, explique Marc Gruber. La mortalité des start-up va en effet jusqu’à dépasser 50% après cinq ans dans le cas extrême des high-techs.
Développement personnel
Autre chiffre que le chercheur tire d’ores et déjà de cette recherche: les PME initiées par les ex-chômeurs génèrent en moyenne 2,2 emplois, en plus de celui du créateur. Et de nouveau, la Suisse fait mieux.
Hypothèse de Marc Gruber: les chômeurs-entrepreneurs résidant en Suisse seraient mieux formés et choisiraient des secteurs plus porteurs. S’il n’existe aucune recette toute faite pour le grand plongeon, alors que les profils varient beaucoup, la recherche de l’EPFL relève plusieurs éléments.
Les ex-chômeurs créateurs d’entreprise se lancent le plus souvent pour assouvir une ambition qui leur tient à cœur, une idée ou un projet de développement personnel. Et moins pour se remplir les poches.
Ces nouveaux patrons sont plus souvent actifs dans les secteurs de la santé ou du social que dans le bâtiment et le commercial. Une expérience préalable du management vaut son pesant d’or surtout dans les secteurs fortement innovants.
Plus heureux qu’avant
Autre enseignement de l’étude: dans la majorité des cas, les ex-chômeurs ne changent pas de branche d’activité et se lancent rapidement après leur inscription au chômage.
«Les chômeurs qui créent leur entreprise sont souvent stigmatisés, observe Marc Gruber. Nous montrons qu’ils créent des emplois durables, ce qui est une bonne chose!»
Mieux: ces entrepreneurs sont en général plus heureux dans leur travail et leur vie après s’être lancés dans l’aventure.
«La réintégration de ces anciens chômeurs dans le monde du travail mais aussi dans la société est souvent un succès, constate Marc Gruber. Et notre recherche doit permettre de mieux cibler encore les mesures pour les y aider.»
(Newsnet)
24heures
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