|
L’institut prévoit une croissance du PIB de 0,8% en 2012 et 1,9% en 2013
«Cet hiver, l’économie suisse a évité de justesse la récession, grâce à la forte demande étrangère pour l’horlogerie et les produits pharmaceutiques. Elle s’oriente clairement sur la voie de la reprise», a déclaré vendredi à la presse à Zurich Jan-Egbert Sturm, chef économiste du KOF.
L’institut d’étude conjoncturel zurichois, qui en décembre prévoyait une croissance de 0,2% pour 2012, a révisé son estimation à 0,8% cette année et 1,9% en 2013. La semaine passée, la Banque nationale et le Seco avaient eux aussi relevé leur prévision («presque» 1% et 0,8%, respectivement).
Au final, l’économie suisse devrait croître plus rapidement que celle de l’Union européenne (0% en 2012). La comparaison est également favorable par rapport à nos voisins immédiats. En 2012, l’économie devrait progresser de 0,3% en France, de 0,6% en Allemagne, alors que le produit intérieur brut (PIB) italien devrait se contracter de 1,5%.
L’économie suisse a très bien traversé la crise financière, selon le KOF. Elle a dépassé en 2010 déjà son niveau du premier trimestre 2008. Les Etats-Unis ont franchi la barre au milieu de 2011 tandis que l’économie européenne attendra au mieux la fin 2013.
L’institut de prévisions conjoncturelles ajoute que les prévisions de 2012 cachent le dynamisme de la croissance depuis la fin de l’année. D’ailleurs dans toutes les grandes régions du monde, les indicateurs avancés, à l’image de l’indice IFO, sont bel et bien partis à la hausse vers la fin 2011.
Le KOF s’attend maintenant à une croissance de l’économie mondiale de 2,3% en 2012 et 2,8% en 2013 (contre 2,6% en 2011). Elle sera pour la moitié portée par l’Asie malgré le ralentissement en cours en Chine.
Même en Italie le pire est passé, selon l’économiste. Les exceptions se situent au Portugal et en Grèce. Jan-Egbert Sturm observe une divergence marquée en Europe, répartissant la région en trois zones. Le taux de chômage ne cesse de baisser en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche, en Finlande et au Luxembourg. Il augmente régulièrement en France, Italie, Espagne et Belgique. Enfin, il s’accroît fortement en Grèce, en Irlande et au Portugal.
Forte consommation privée
En 2012, la croissance de l’économie suisse sera portée par la consommation privée, selon Jan-Egbert Sturm. Elle sera en augmentation de 1,7% cette année et 1,8% en 2013, profitant d’une notable augmentation du revenu disponible réel (+2,2% en 2012 et +3,1% en 2013).
Le taux de chômage augmentera très légèrement d’ici à la fin de l’année (3,2%) et se stabilisera par la suite. L’économiste distingue entre la situation du chômage et celle de l’emploi. Il dresse un portrait plus mitigé de l’évolution de l’emploi, particulièrement dans l’industrie.
Le franc suisse ne devrait guère faiblir, même s’il prendra lentement la direction de 1,25 franc contre l’euro. Le KOF se veut d’ailleurs prudent sur les taux d’intérêt. Il n’attend pas un relèvement des taux directeurs de la BNS avant fin 2013.
Cet environnement monétaire incite les entreprises à adapter leurs structures et leur outil de production. C’est pourquoi l’institut est relativement positif à l’égard des investissements d’équipement. Ils augmenteront probablement de 3,6% en 2012 et de 5,1% en 2013.
Par contre le commerce extérieur contribuera négativement au PIB. Les exportations augmenteront de 0,8% en 2012 et 4,7% en 2013. Soit moins que les importations.
Emmanuel Garessus
LE TEMPS
|