|
Fawaz Gruosi sort d’un cauchemar. De Grisogono va éponger son passif en partie grâce à des fonds angolais.
Le 21 mars dernier, la marque De Grisogono annonçait le bouclement avec succès d’une seconde recapitalisation. Très succinct, le communiqué officiel indiquait juste qu’il s’agit «d’un groupe d’investisseurs privés européens et africains». Bilan a souhaité en savoir davantage. Interview exclusive de Fawaz Gruosi, son propriétaire et fondateur, tout sourire.
Bilan Quelle est la répartition actuelle de votre actionnariat?
Fawaz Gruosi Nous sommes une société privée, mais je peux vous confirmer qu’un groupe de nouveaux investisseurs détient désormais 75% de notre capital. Les 25% restants se répartissent entre trois petits actionnaires (Caroline Scheufele, le groupe espagnol Eurofinsa et une 3e entité, ndlr) et moi-même (15%).
B Les nouveaux actionnaires majoritaires ont créé une joint-venture intitulée Victoria Holding. Sont-ils tous Angolais, comme cela a été publié?
FG Non. Il y a d’une part le groupe Endiama, contrôlé par l’Etat angolais qui exploite des mines de diamant. Et d’autre part, un groupe d’investisseurs européens.
B Isabel José dos Santos, la fille aînée du président angolais, serait directement un de vos nouveaux investisseurs. Exact?
FG Non. Par contre, il est vrai que c’est une de nos clientes depuis une dizaine d’années. Cela m’a pris deux ans pour mener cette affaire de recapitalisation à bien. Nous avons œuvré avec les services compliance de nos trois banques (BCGE, BCV et UBS, ndlr), lesquelles n’auraient pas accepté la présence de cette dernière dans nos actionnaires. Nous avons travaillé de façon très professionnelle. Nous étions en pourparlers avec plusieurs groupes réputés sérieux, par l’intermédiaire de la société Egon Zehnder. Finalement, nous avons opté pour cette offre, qui était la plus valable pour la pérennité de De Grisogono.
B Où en êtes-vous concernant le remboursement de vos fournisseurs?
FG Les 100 millions de francs que les nouveaux actionnaires vont investir durant cinq ans vont nous permettre de rembourser complètement le reliquat. Mais il ne s’agissait pas d’un important montant. Cela étant nous n’allons pas investir massivement cette année. Par contre, cela va nous permettre d’entrer enfin sur le marché chinois. Nous avons pu rouvrir nos négociations avec des partenaires pour la Chine, mais aussi Hongkong et Macao.
B Comment s’est déroulé Baselworld?
FG Comme lors de l’édition précédente. Ce qui n’est pas si mal vu que nous avons quasiment stoppé la publicité et que nous avons réduit nos collections. Certains de nos détaillants nous ont annoncé leur intérêt à ouvrir des magasins en franchise, notamment à Casablanca, Istanbul et Abu Dhabi (déjà signé). La confiance est de retour.
B Et vos ventes? Comment s’est déroulée 2011?
FG 2009 a été la pire année de ma vie avec une chute phénoménale du chiffre d’affaires. L’an dernier, nous avons réalisé des ventes pour 70,5 millions de francs, en très légère progression.
B Quelle est la répartition entre les montres et la joaillerie?
FG Alors que nous étions auparavant à 50/50, nous avons choisi en 2009 de réduire la fabrication de montres à cause de notre faible cash-flow. Nous n’avions plus la possibilité de patienter deux ans entre le moment où nous avions payé l’or et diverses matières précieuses et la vente d’une montre. Nous nous sommes alors réorientés sur la joaillerie qui représente 65% de nos ventes.
B Et votre projet de manufacture?
FG Nous n’avons plus le terrain, mais cela reste un objectif. Notre premier conseil d’administration va en parler le 27 mars. Le chantier pourrait s’ouvrir en 2014.
Crédit photo: François Wavre/REZO
Par Serge Guertchakoff
BILAN
|