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Le nombre de multimillionnaires va fortement croître ces prochaines années
«Les résultats au premier trimestre des sociétés actives dans le luxe se sont avérés nettement meilleurs que prévu», constate l’analyste René Weber de la banque Vontobel. Ce secteur continue ainsi d’affoler les compteurs, en dépit des incertitudes conjoncturelles et des risques de ralentissement qui pèsent sur l’économie mondiale. Les résultats publiés ces dernières semaines démontrent à l’inverse que la résilience de la branche se poursuit. D’ailleurs presque envers et contre tout, alors que plusieurs pays européens sont retombés en légère récession.
Si le luxe a déjà atteint des sommets l’an dernier, avec des ventes estimées à 191 milliards d’euros, selon les calculs de Bain & Co, la croissance devrait à nouveau être au rendez-vous sur l’ensemble de 2012 et pourrait même s’inscrire à deux chiffres. Une fois de plus, l’Asie sera le principal relais de croissance, tandis que les Etats-Unis performent bien mieux que prévu.
Les premiers chiffres vont en tout cas tous dans ce sens. Les marques de luxe du groupe PPR ont ainsi enregistré une hausse de 29% de leur chiffre d’affaires au premier trimestre à 1,46 milliard d’euros. La progression de ses marques Bottega Veneta (+39%) et d’Yves Saint Laurent (+43%) a encore été supérieure. La croissance de Gucci, la pépite de PPR, s’est révélée quasi équivalente (+11,6%) à celle du dernier trimestre 2011 (+12,2%). Pas de signes apparents de fléchissement donc, hormis en Chine. Pour sa part, le groupe britannique Burberry a enregistré une hausse des ventes sur son second semestre de 18% à taux de change constants, pour atteindre 1,027 milliard de livres. Enfin, LVMH, le numéro un mondial du secteur, a mis la barre très haut. Le propriétaire de Louis Vuitton, Céline, Givenchy ou encore TAG Heuer a annoncé un bond de 25% de ses ventes au premier trimestre à 6,58 milliards d’euros. La bonne nouvelle est venue des Etats-Unis, avec des performances meilleures qu’attendu.
Vers une normalisation
Autre élément porteur, les multimillionnaires ne cessent d’augmenter, selon «The Wealth Report 2012» du groupe financier américain Citigroup. Le nombre de détenteurs de plus de 100 millions de dollars d’actifs se montait l’année dernière à 63 000 personnes, et passera à 86 000 en 2016, soit une progression attendue de 37%. Les marchés émergents devraient affoler les radars. D’ici à cinq ans, les pourcentages d’augmentation du nombre de ces ultra-nantis seront de 114% en Inde, de 106% en Chine, de 76% en Russie et de 59% au Brésil. Les marchés mâtures connaîtront eux aussi de fortes progressions, comme Singapour (+67%), Hongkong (+65%), le Royaume-Uni (+44%), les Etats-Unis (+23%) ou même la Suisse (+9%).
Dans l’immédiat, le risque d’une aggravation de la crise de la dette souveraine continue de peser telle l’épée de Damoclès. René Weber n’anticipe cependant pas de ralentissements majeurs dans les mois à venir pour le luxe. Selon lui, il s’agira plutôt d’une normalisation de la situation. Le secteur devrait ainsi retrouver ses taux de croissance historiques, soit de 5 à 10% par an. Ce qui permettra aussi de soulager quelque peu l’appareil de production fortement mis à contribution depuis trois ans.
Bastien Buss
LE TEMPS
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