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L’économie devrait connaître une phase de croissance nettement ascendante à partir de l’été. C’est l’avis de l’OCDE mardi. A l’institut Créa de Lausanne, Délia Nilles tempère cet enthousiasme.
«L’économie mondiale redémarre progressivement, mais la reprise est fragile, extrêmement inégale selon les régions et pourrait bien être compromise par la crise de la zone euro», indique l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) mardi.
En Suisse, la situation apparaît plus rose aux économistes de l’organisation. Ils s’attendent à une croissance du PIB de 0,9% cette année.
C’est à partir de cet été que la dynamique devrait gagner en intensité. L’OCDE escompte en effet un renforcement de l’activité des principaux partenaires commerciaux de la Suisse.
A Lausanne, l’institut Créa est moins optimiste. Il prévoit une croissance économique faible de 0,3% cette année. La demande intérieure, et surtout la consommation privée, continue à bien se porter en Suisse, reconnaît Délia Nilles.
«Mais cette situation est, selon nous, contrebalancée par des exportations qui vont être affectées par les évolutions des économies voisines», explique la directrice-adjointe du Créa.
Plus noir que les autres
Depuis plusieurs mois, l’institut de HEC entrevoit un avenir plus noir que ses homologues. «En regardant l’évolution sous-jacente depuis quelques trimestres, on voit que les exportations suisses fléchissent. Selon nous, les problèmes dans l’Union européenne vont les affecter.»
L’horlogerie tire actuellement le commerce extérieur helvétique. «Mais la branche affiche huit ou neuf trimestres de croissance largement au-dessus de 10%. Elle ne pourra continuer ainsi éternellement.»
Comme l’OCDE, le Créa estime que l’économie devrait «s’améliorer un peu» l’an prochain. Il prévoit une croissance de 0,8%. Contre 1,9% pour l’OCDE. «Mais tout reste un peu fragile, après le choc de 2008-2009», juge Délia Nilles.
C’est la demande intérieure, soutenue notamment par une légère hausse des salaires réels, qui permettra à la Suisse de ne pas tomber en récession. Mais aussi son marché du travail flexible, qui autorise des ajustements, estime l’économiste.
Lent recul du chômage
Dans ses prévisions pour 2013, l’OCDE voit le chômage «reculer lentement» en Suisse. Et l’inflation rester faible. «Le chômage va fluctuer autour des chiffres actuels, confirme Délia Nilles. A moins d’une flambée du pétrole, l’inflation n’est pas un problème, ni actuellement ni l’année prochaine.»
L’économiste n’exclut pas, toutefois, une hausse des prix vers la fin 2013, accompagnée d’une hausse des taux d’intérêt. Une vision partagée par l’OCDE mardi.
L’organisation souligne aussi la nécessité de maintenir le marché hypothécaire sous observation. Elle juge d'ailleurs qu’il faudra peut-être limiter les prêts pour contrer les déséquilibres sur le marché immobilier.
Pierre-François Besson
24heures
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