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Hans-Ulrich Bigler, le directeur de l’Usam, demande une stratégie de «sortie » pour mettre fin au rattachement du franc à l’euro. Renoncer au cours plancher de 1,2 franc par euro coûterait plus de 100 milliards de francs à la Suisse, rétorquent des experts. La pénurie d’enseignants inquiète. La vie nocturne dans les villes alémaniques fait débat. La BCV dépose plainte contre une employée
Nouvelle attaque contre la stratégie de la Banque nationale suisse (BNS). Hans-Ulrich Bigler, le directeur de l’Union suisse des arts et métiers (Usam) a présenté un document de position à la SonntagsZeitung qui exige que la banque centrale prépare une stratégie de «sortie » du rattachement du franc à l’euro. «Le bilan hypertrophié de la BNS est comparable à une bulle spéculative. C’est pourquoi la banque nationale représente le plus grand poids pour la collectivité », estime le politicien libéral-radical. Il reproche aussi à la BNS de dépasser ses compétences en intervenant dans la réglementation bancaire.
D’autres représentants de l’économie ne partagent pas son opinion. Dans les mêmes colonnes, Siegfried Gerlach, le chef de Siemens en Suisse estime que ce débat est une «idiotie ». De son côté, l’industriel bernois Willy Michel avertit que le renoncement au taux plancher entraînerait davantage de délocalisation d’activités d’entreprises suisses à l’étranger. Même son de cloche du côté de l’industriel thurgovien Peter Spuhler: «Si l’euro tombe à 1 franc ou moins, 350 000 postes de travail disparaîtront dans l’industrie des machines et de l’électrotechnique », tonne le politicien UDC.
Les avertissements viennent aussi des milieux académiques. «Si la valeur de l’euro reculait de 1,2 à 1 franc, les avoirs libellés dans la monnaie commune détenus par les Suisses subiraient une perte nette de 106,6 milliards de francs », avertit de son côté Cédric Tille, professeur à l’Institut pour les études internationales et du développement à Genève dans la NZZ am Sonntag. Plusieurs commentateurs de l’hebdomadaire zurichois s’en prennent à ceux qui remettent en question le taux plancher: «La banque nationale recueille bientôt le même niveau d’attention que le football – chacun se considère comme un expert en politique monétaire », ironise l’hebdomadaire. Quant aux compétences à attribuer à la BNS, la NZZ am Sonntag reconnaît que des changements organisationnels seront peut-être nécessaires: «toutefois, il s’agit d’un autre débat qui devra être effectué à un autre moment », juge l’hebdomadaire. «Avoir les nerfs fragiles est précisément ce que la BNS doit éviter », estime de son côté l’éditorialiste Beat Kappeler, toujours dans la NZZ am Sonntag.
Philipp Hildebrand sort de son mutisme
Parallèlement à ce débat, une autre personnalité liée à la Banque nationale ressurgit. Pour la première fois depuis près de six mois, Philipp Hildebrand, l’ex-président de la BNS, sort de son mutisme dans un interview accordé à Sonntag. Il se dit à la fois «inquiet et optimiste » à propos de l’évolution de la crise de la dette dans la zone euro mais il se montre très confiant quant à la capacité de la Suisse à traverser cette crise. Professeur à Oxford depuis peu, il ne se voit pas continuer à être actif à long terme dans l’enseignement mais envisage de reprendre une activité dans l’économie privée.
Manques d’enseignants
En Suisse, la problématique du manque d’enseignants est un sujet d’inquiétude toujours vif en Suisse alémanique. Environ 40% des postes à repourvoir pour la prochaine année scolaire sont toujours vacants, selon une enquête de l’association alémanique des directeurs d’établissements scolaires VSLCH publiée par la SonntagsZeitung. La situation est pratiquement inchangée depuis le précédent sondage il y a deux ans.
Un total de 734 directeurs d’école ont répondu à ce questionnaire à la mi-mai, a indiqué dimanche le VSLCH, qui compte des sections dans vingt cantons, y compris le Haut-Valais et Fribourg. La situation est la même dans toute la Suisse alémanique mais des différences apparaissent selon le degré d’enseignement. Environ un tiers des directeurs ont beaucoup de peine à trouver des enseignants d’école enfantine. La situation est particulièrement critique au niveau secondaire I: ici, 60% des sondés ont de grandes difficultés à repourvoir les postes. Mais c’est chez les enseignants spécialisés que la situation est la plus dramatique: neuf directeurs sur dix la décrivent comme très difficile voire désespérée.
De nombreux directeurs sont ainsi contraints d’engager des personnes ne possédant pas toutes les qualifications requises, déplore le VSLCH. Une baisse de qualité, qui engendre une charge de travail supplémentaire pour les établissements, peut conduire à des licenciements et renforce la spirale négative. Ces prochaines années en outre, de nombreuses mises à la retraite sont attendues, de même qu’une augmentation des effectifs d’élèves, de 8% à 11% dès 2012. Le VSLCH invite les autorités et partis à s’engager pour la qualité de l’école et à ne pas mettre en péril les mesures prises pour lutter contre la pénurie par des programmes d’économies.
Vie nocturne alémanique
Autre thème qui préoccupe la presse dominicale: les revendications de la jeunesse en Suisse alémanique, une semaine après la gigantesque manifestation à Berne. Une association s’est constituée sous la direction de l’union faîtière des clubs de musique en Suisse, aussi baptisée «Petzi », pour rendre la vie nocturne plus attrayante dans les villes helvétiques, relate la SonntagsZeitung. De son côté, la NZZ am Sonntag consacre même une double page à ce nouveau phénomène qui, selon l’hebdomadaire, n’a rien de futile. Il s’inscrit dans la lignée d’autres mouvements de protestation qui vont des manifestations des alternatifs dans les années1980 aux défilés de «Reclaim the Streets ». La jeunesse souhaite des endroits «non soumis à la logique commerciale, sans contrôle à l’entrée ni de la police », souligne un observateur de la vie nocturne. «Les jeunes ont besoin d’endroits, où ils peuvent être eux-mêmes », résume une spécialiste de la géographie sociale de l’Université de Zurich.
La BCV dépose plainte contre une employée
Victime d’une violation du secret bancaire, la Banque cantonale vaudoise (BCV) a licencié la semaine dernière une personne avec effet immédiat. L’établissement a déposé une plainte pénale.
Une enquête est en cours. Contacté par l’ats, le porte-parole de la banque, Christian Jacot-Descombes, ne peut en dire davantage pour l’heure. De même que le procureur genevois Yves Bertossa qui confirme avoir reçu jeudi une plainte pénale de la BCV, mais ne fournit pas plus de précisions. Tous deux revenaient sur des informations de l’hebdomadaire «Le Matin Dimanche».
Dans cette affaire, l’avocat Denis Merz, qui défend un détective privé, indique qu’une instruction a été ouverte à l’encontre de ce dernier. Il ne précise pas les accusations portées contre son client.
Ce détective privé est un ancien collaborateur de la BCV, corrobore Christian Jacot-Descombes. Selon «Le Matin Dimanche», il aurait obtenu d’une collaboratrice de la banque des relevés téléphoniques et bancaires.
LE TEMPS
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