Les négociations avec la Chine sont à mi-parcours
 
Le 13-06-2012

Le 5e round s’est tenu en mai. Parmi les grandes divergences figure l’accès au marché national des biens alimentaires.

La Suisse deviendra peut-être le premier Etat occidental à signer un accord de libre-échange avec la Chine! Depuis une année et demie, les négociations se poursuivent à un rythme régulier. Le 5e round s’est déroulé à Pékin entre le 8 et le 10 mai dernier. Le prochain est prévu dans le courant de l’automne. «Nous sommes au milieu du parcours», affirme l’ambassadeur Christian Etter, le chef de la délégation helvétique. Mais il se refuse à émettre tout pronostic sur une éventuelle conclusion des négociations d’ici à la fin de cette année avec notre troisième partenaire économique derrière l’Union européenne et les Etats-Unis. Ces dernières englobent plusieurs domaines: le commerce des marchandises et des services, la promotion des investissements, la propriété intellectuelle ainsi que la coopération en matière d’achats publics, de concurrence et de développement durable. A cela s’ajoutent la création d’un mécanisme de règlement des différends et celle d’un comité mixte chargé d’exécuter et de surveiller l’application de l’accord. «Les discussions avec nos homologues chinois sont ardues, mais constructives et ouvertes», admet Christian Etter, qui a déjà dirigé plusieurs négociations liées à des traités de libre-échange au cours de ces dix dernières années. D’un côté, la Suisse cherche à obtenir un démantèlement des droits de douane pour ses biens comme les machines, les produits pharmaceutiques et les montres et à renforcer la sécurité juridique pour le commerce des services, les investissements, les brevets et les marques de ses entreprises. De l’autre, la Chine postule un accès facilité au marché helvétique pour ses produits industriels (entre autres son textile), ses produits agricoles et pour des services tels que sa médecine traditionnelle. Parmi les principales divergences à surmonter pour conclure ces négociations figure l’accès au marché national des biens alimentaires. La Suisse ne peut pas remettre en cause sa politique agricole caractérisée par une protection généralement élevée à la frontière. Mais elle devra néanmoins faire des concessions pour favoriser l’importation de produits chinois, et ce dans le but de faciliter l’exportation de ses propres produits. «En raison du développement de la classe moyenne supérieure, le potentiel du marché chinois est énorme, par exemple pour nos produits agricoles transformés comme le chocolat, les biscuits et le fromage», constate Christian Etter.

Course contre la montre
Face aux critiques formulées par les organisations non gouvernementales actives dans la protection de l’environnement et celle des droits humains à l’encontre de la Chine, le chef de la délégation helvétique affirme que leurs préoccupations sont prises en compte. «Pour le Conseil fédéral, ces sujets sont des éléments importants de sa politique extérieure. Ils sont également abordés dans nos rounds de négociations. D’ailleurs, la Suisse coopère déjà avec la Chine dans plusieurs domaines comme la protection de l’environnement, la qualité de l’eau, le respect des règles du droit du travail et de la gouvernance d’entreprise. Il existe également un dialogue bilatéral sur les droits humains», insiste Christian Etter. Afin qu’elle puisse accéder plus facilement aux marchés étrangers, la Suisse a déjà ratifié 26 accords de libre-échange. Elle cherche surtout à en conclure avant ses concurrentes comme l’Union européenne de façon que ses entreprises ne soient pas discriminées. «Notre objectif est de maintenir leur production et leur valeur ajoutée sur le territoire helvétique», affirme Christian Etter.


Crédit photo: Gaetan Bally/Photopress
Par Jean-Philippe Buchs
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