Le dollar plutôt que l’euro pour museler le franc
 
Le 15-08-2012

Vu la santé de l’euro, pourquoi ne pas lier le franc au dollar, propose Hans Geiger. L’idée de l’expert zurichois en banque et finance: faire respecter le seuil d’un dollar pour un franc. Interview.

Depuis un an, la BNS s’escrime à empêcher l’euro de passer sous les 1 francs 20. Hans Geiger propose de passer au dollar. Le professeur retraité de l’Université de Zurich ne voit pas d’inconvénient pratique à cette idée. Et politique?

24heures - Vous proposez de lier le franc au dollar plutôt qu’à l’euro. Faire respecter le seuil d’un dollar pour un franc. Pourquoi?

Hans Geiger - La question de fond est la suivante: faut-il lier ou non le franc à une autre monnaie? Les libéraux estiment qu’il faut laisser les forces du marché agir. C’est mon avis aussi. Mais le franc était si surévalué que la Banque nationale devait intervenir.

Le franc étant surévalué, elle doit le lier à une monnaie faible. Il en existe plusieurs. L’euro en est une, le dollar et la livre en sont aussi. Mais l’euro est aussi une monnaie défectueuse. Il pourrait ne plus exister dans une semaine. Ce serait une mauvaise nouvelle, mais c’est possible. Et le risque augmente.

Mon argument est donc: s’il faut lier le franc à une monnaie, choisissons une monnaie faible, et le dollar est cette monnaie. Plus de 40% du commerce des devises porte sur le dollar. Le dollar est la monnaie internationale. Il a à peu près autant d’importance que l’euro pour les exportations et le tourisme suisses. Et ce n’est pas une monnaie défectueuse.

La Suisse est européenne. Elle entretient des relations fortes avec ses voisins. N’y aurait-il pas un problème politique à choisir le dollar plutôt que l’euro?

La loi sur la Banque nationale dit que la BNS ne doit ni demander ni recevoir d’instructions de la part du Conseil fédéral, du Parlement et d’autres instances. L’idée, derrière cet article, est que la Banque nationale ne suit que son mandat. Elle conduit la politique monétaire dans l’intérêt général du pays. Elle assure la stabilité des prix et tient compte de l’évolution de la conjoncture. Cette formulation est très forte. Et ce n’est pas pour rien. Elle sert à éviter que les politiques monétaires, du franc ou des taux d’intérêt ne soient menées selon des objectifs politiques.

Certaines personnes pensent que la Suisse peut sauver l’euro. C’est absurde. La Suisse est dix fois plus petite que l’Allemagne et bien plus petite que la zone euro. Certains pensent aussi que la Suisse peut influencer le cours de l’euro. Elle ne le peut pas. La seule chose qu’elle peut faire, c’est influencer le cours du franc. Et mon conseil est qu’au lieu de le définir par rapport à l’euro, elle le fasse par rapport au dollar. Je ne parle pas avec la BNS, mais je suis assez sûr qu’elle a cette idée quelque part dans un tiroir.

La valeur du dollar est en partie liée aux intérêts politiques et économiques américains. En se liant au dollar, la BNS ne rendrait-elle pas la Suisse dépendante de ces intérêts?

L’argument est juste. Mais au moins, l’Amérique n’est pas en panne. (…) Cette proposition de fixer un cours plancher d’un franc pour un dollar ne se veut pas une solution définitive. Mais temporaire, qui se conçoit en termes de mois ou de quelques années. (…) Je suis très pessimiste s’agissant du système monétaire dans le monde. Et pour moi, la solution se trouve dans une sorte de forum où les monnaies seraient liées à l’or ou à d’autres valeurs réelles. Le lien avec le dollar ne serait que temporaire. (Newsnet)

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