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La société sise à Morteau, sortie du dépôt de bilan, affiche de nouvelles ambitions. Objectif: monter en gamme grâce à un calibre maison et mondialiser la marque
On la croyait disparue. Et il s’en est effectivement fallu de peu. Placée en redressement judiciaire le 26 avril, la marque horlogère française Pequignet revit depuis peu, grâce à deux investisseurs français fortunés. La justice hexagonale a approuvé le 23 juillet «un plan de continuation de l’exploitation» de la société établie à Morteau, à la frontière avec le canton de Neuchâtel, a expliqué mercredi au Temps Didier Leibundgut, patron de l’entreprise, lequel va devenir président du conseil de surveillance. Les nouveaux actionnaires de référence ne souhaitent pas donner le montant de leur investissement. On parle de plusieurs millions d’euros. Quoi qu’il en soit, ils ont les reins financiers solides. Il s’agit en effet de Philippe Spruch, cofondateurs de la société LaCie et qui fait partie des 500 plus importantes fortunes de France. Il a revendu ce printemps le fabricant de périphériques d’ordinateurs design au groupe américain Seagate. Pour ce projet de renouveau horloger, il s’est associé à un autre administrateur de LaCie, Laurent Katz.
«Le rêve de nos investisseurs est de reconstruire une horlogerie française digne de ce nom. Rappelons que c’est l’un des berceaux de la branche. Mais la révolution du quartz a tout balayé», poursuit Didier Leibundgut. Et de rappeler que, depuis la disparition de l’entreprise LIP dans les années 1970, il n’existait plus de mouvement mécanique français, cœur de la montre, produit en propre. Une lacune que Pequignet a comblée avec son calibre royal – fait de 318 composants –, désormais «fiabilisé». Ce dernier doit permettre à l’entreprise employant 50 personnes de se faire une place dans la haute horlogerie, selon les vœux des actionnaires. Une évolution de ce mouvement, doté d’une fonction GMT (fuseau horaire), sera présentée en janvier prochain. Pour l’heure, les capacités de production du calibre de base s’élèvent à 4500 pièces par année. Si la marque veut monter en gamme, elle n’en abandonnera pas pour autant sa collection quartz.
Mondialisation
La prochaine étape consistera à prendre pied dans les marchés où Pequignet est encore absent. En dépit de ses 600 points de vente, l’Asie, le Japon et les Etats-Unis manquent encore à son réseau. Idéalement, la société espère parvenir entre 800 et 900 points de ventes d’ici six à sept ans. Le premier prix d’une montre avec un mouvement automatique s’élève à 5500 euros.
Une concurrence pour l’horlogerie suisse? «Nous sommes tout petits par rapport à l’ensemble du secteur. Pour l’heure, Pequignet doit se faire connaître et reconnaître des collectionneurs et des clients», relativise Didier Leibundgut.
Bastien Buss
LE TEMPS
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