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Le groupe de luxe s’empare de VV et Varin-Etampage à Delémont (JU). Tous les employés sont repris et la direction reste en place
Coup double pour Richemont. Le géant genevois du luxe acquiert deux entreprises jurassiennes, a appris Le Temps. Premièrement, le groupe a racheté la société VV, connue aussi sous le nom de Varin Varinor, sise à Delémont (JU). Elle emploie 110 collaborateurs. Deuxièmement, il fait aussi main basse sur Varin-Etampage et ses 135 employés, qui se trouve sur le même site dans la zone industrielle delémontaine. Selon nos informations, le contrat de rachat à 100% a été signé lundi. Richemont a confirmé mardi matin. C’est ce dernier qui a approché les deux sociétés en vue d’une absorption.
La transaction, dont le montant n’a pas transparu, permet au groupe genevois d’acquérir une fonderie d’or et de métaux précieux, élément clé pour l’élaboration de boîtes de montres. Mais également pour la bijouterie-joaillerie, un pan important des activités de Richemont. Une composante qui manquait jusqu’ici à son portefeuille industriel. Les deux entreprises, partenaires de longue date du numéro deux mondial du luxe, continueront de fournir les autres clients – petits ou grands –, parmi lesquels Rolex ou Patek Philippe.
Créée en 1962, Varin-Etampage est active dans l’étampage haut de gamme par déformation de matière à froid. Varinor est de son côté spécialisée dans la fabrication de semi-produits en métaux précieux.
Les emplois seront maintenus et l’actuelle direction reste en place. Grâce à cette opération, Richemont sécurise son approvisionnement en or, raccourcit les délais de production, ainsi que les périodes d’immobilisation du précieux métal. Des économies devenues indispensables sachant que l’or représente de 80 à 90% du prix d’un bijou. Cette intégration industrielle d’un raffineur, livrant plus de 40 tonnes d’or fin par an, permettra aussi davantage de souplesse, de flexibilité et de réactivité à Richemont. Rares sont les entreprises ayant le savoir-faire de VV. Il en existe tout au plus quatre en Suisse, et autant à l’étranger, dont une en Allemagne.
Ces deux acquisitions traduisent une nouvelle fois la volonté du groupe d’accélérer son intégration industrielle. Il y a deux semaines, la manufacture genevoise Vacheron Constantin, en mains de Richemont, a pris une participation de 50% dans l’entreprise Les Cadraniers de Genève et ses vingt employés. Le groupe avait déjà fait une acquisition de taille en 2007 dans le Jura. Il avait absorbé le fabricant de boîtes et bracelets de montres Donzé-Baume basé aux Breuleux (JU).
D’autres marques en font de même, consolidant ainsi le secteur mais réduisant aussi les sources d’approvisionnement pour les autres entités horlogères. L’an dernier, Hublot, en mains de LVMH, s’est emparée pour une somme non dévoilée de l’entreprise vaudoise Profusion, son fournisseur de pièces et composants en fibre de carbone. Basée à Gland (VD), la société occupe 18 employés. Swatch Group est également très actif en la matière. En avril de cette année, le numéro un mondial de l’horlogerie a racheté Simon & Membrez à Delémont (250 collaborateurs) et pris une participation majoritaire dans Termiboîte à Courtemaîche. En juillet 2010, le groupe biennois avait acquis la tessinoise Tanzarella et ses 236 employés, rebaptisée ensuite Assemti.
Bastien Buss
LE TEMPS
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