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Les exportations ont fléchi de 2,7% au mois de septembre. Le secteur n’en va pas moins connaître une année record
Largement anticipé. C’était même une contraction attendue bien plus tôt. L’horlogerie suisse ne pouvait pas ad vitam aeternam naviguer sans encombre entre les icebergs de la morosité économique, de la crise de la dette en Europe et du climat de consommation atone. Une situation qui pouvait d’ailleurs se lire dans les récents chiffres du groupe LVMH, propriétaire des marques horlogères TAG Heuer, Bulgari, Zenith et Hublot. Le géant français du luxe a ainsi connu au troisième trimestre de cette année un reflux de son pôle horloger par rapport aux trois mois précédents. Alors qu’entre avril et juin les ventes de cette division s’affichaient à 713 millions d’euros, elles ont reculé à 690 millions au troisième trimestre. Soit une baisse de 3%.
Pas étonnant dès lors que l’horlogerie helvétique dans son ensemble suive la même trajectoire. Ses exportations en septembre ont diminué de 2,7% par rapport au même mois de l’an passé, à 1,73 milliard de francs, selon un communiqué de presse publié jeudi par la Fédération horlogère (FH). Un reflux qui met fin à une série de 30 mois consécutifs de progression. Comme c’est son rôle, la FH a tenu à relativiser. L’association faîtière a parlé d’accalmie certes soudaine, mais qui n’est pas inquiétante. Sur le mois d’août, la progression s’élevait encore à 12,7% par rapport à l’année passée. La FH parlait alors «d’une belle croissance des exportations». Les prochains mois diront si septembre constituait une simple pause ou alors augurait d’un changement de paradigme conjoncturel plus profond.
En attendant et sur neuf mois, soit les trois quarts de l’année, les exportations ont bondi de 13,6% par rapport à la même période de l’an dernier. Pour la FH, les données de septembre confirment le ralentissement de croissance attendu et participent à l’acheminement progressif de la branche vers l’objectif annuel prévu. Lequel restera nettement supérieur au niveau atteint en 2011.
En d’autres termes, l’horlogerie, en dépit de ce qui peut encore survenir d’ici à la fin de l’année, va afficher une nouvelle année record. Le secteur, au mois de septembre, disposait encore d’une avance de 1,835 milliard de francs par rapport à la même période de l’an dernier, précédente année de référence pour le secteur.
En septembre, ce sont les marchés asiatiques qui ont connu les chutes les plus marquées. Hongkong, premier marché d’exportation du secteur, s’est contracté de 20%. Singapour a reflué de 21,3% et Taïwan de 13,4%. La Chine a même connu une baisse de 27,5%. Les Etats-Unis se sont également inscrits en recul (–5,4%).
A l’opposé, l’Europe a poursuivi son rebond. Si la France n’a progressé que de quelques points, l’Allemagne et l’Italie ont connu une forte hausse. Deux autres pays dans la tourmente de l’austérité, la Grèce et l’Espagne, ont en revanche enregistré une hausse, avec respectivement +15,3% et +18,4%. Au total, l’horlogerie helvétique a écoulé dans le monde 2,6 millions de montres (–10,1%) en septembre.
Bastien Buss
LE TEMPS
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