L’économie suisse est rattrapée par les incertitudes et les doutes
 
Le 30-10-2012

Les entreprises vont faire une pause dans leur politique de recrutement. Les directeurs des finances sont plus pessimistes

Une économie européenne cacochyme, la survalorisation de la devise helvétique et les incertitudes conjoncturelles à court terme n’en finissent pas d’obérer les perspectives pour la Suisse. Trois enquêtes publiées lundi ont une fois de plus démontré la retenue et la prudence qui ont assailli les entreprises du pays.

D’abord, gérant les cordons de la bourse des sociétés, les directeurs financiers des firmes suisses ne font guère preuve d’une confiance à tous crins. Selon le sondage trimestriel «CFO Survey» du cabinet d’audit et conseil Deloitte, seuls 26% d’entre eux se déclarent optimistes quant à l’avenir. Par rapport au dernier sondage publié en juillet, la situation s’est même légèrement dégradée, puisque le nombre de CFO évaluant de manière favorable les perspectives est passé en l’espace d’un trimestre de 33 à 26%.

Dans le même temps, les avis négatifs – comptabilisés par l’enquête menée auprès de 104 responsables financiers de grandes sociétés helvétiques, dont un tiers est coté – ont augmenté de 28 à 30%, alors que le nombre d’indécis a augmenté un peu plus fortement (de 39 à 44%). Tout n’est toutefois pas aussi sombre. Deloitte a recensé certains indicateurs économiques légèrement plus encourageants. Ainsi, les projets d’investissements des sociétés du pays pour les douze prochains mois ont augmenté et les prévisions de marge remontent la pente depuis trois trimestres consécutifs. La part des entreprises tablant sur une amélioration en la matière s’établit désormais à 13%, même si 60% anticipent toujours une régression.

Sur le front du marché du travail, les entreprises devraient s’abstenir d’embaucher ces prochains mois. L’indicateur de l’emploi du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ a une nouvelle fois fléchi en octobre, passant à -3,4 contre -0,9 il y a trois mois. Ce qui fait dire aux experts du KOF que l’emploi stagnera ces prochains mois en Suisse, selon un communiqué de presse publié hier. La situation est toutefois fort hétérogène selon les secteurs. Du côté des branches sous pression figurent – sans surprise – les banques, le tourisme, l’industrie et le commerce de gros. A l’inverse, les assureurs cherchent à engager. Dans le commerce de détail, les services et les bureaux d’ingénieurs et d’architectes, l’emploi devrait se maintenir au niveau actuel, d’après le KOF. Le taux de chômage en Suisse est resté inchangé en septembre, à 2,8%.

Les répercussions de la cherté du franc peuvent à nouveau se lire dans les comptes et les bénéfices des sociétés. De fait, la marge opérationnelle moyenne des entreprises suisses a reculé de 12,2 à 11,2%, a calculé la société d’audit et de conseil Ernst & Young. Dans une enquête également rendue publique lundi, elle fait savoir que les principales entreprises du pays sont toutefois parvenues à accroître leurs chiffres d’affaires, soit de 5% au premier semestre. Cette progression s’avère néanmoins inférieure à la moyenne européenne, où elle a atteint 7% pour la période sous revue.

Bastien Buss
LE TEMPS

 

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