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Sans fixation par la BNS d'un cours plancher de l'euro contre le franc, la Suisse aurait "très vraisemblablement" glissé vers une sévère récession, estime le professeur d'économie Aymo Brunetti, ancien chef de division au Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
"L'industrie d'exportation serait même tombée dans une grave récession, qui aurait causé des dommages structurelles", a indiqué Aymo Brunetti dans une interview parue samedi dans le "Tages-Anzeiger" et le "Bund". Pour mémoire, M. Brunetti était jusqu'en début d'année directeur de la politique économique au SECO.
Une récession injustifiée
Selon le désormais professeur à l'Université de Berne, "l'industrie d'exportation aurait été tirée de manière injustifiée vers une récession". L'évolution du taux de change avec la monnaie unique n'avait pas de lien avec le développement conjoncturel réel, mais avec la panique qui régnait alors sur les marchés financiers.
Les acteurs économiques cherchaient à ce moment-là, en particulier en été 2011, la sécurité à tout prix, a rappelé Aymo Brunetti dans les colonnes de deux quotidiens alémaniques. Pour rappel, la Banque nationale suisse (BNS) a fixé le 6 septembre de l'an dernier un cours plancher de 1,20 franc pour un euro.
Se préparer à la sortie
Avec cette référence, on évolue toujours davantage vers un cours d'équilibre en raison du taux d'inflation plus élevé qui prévaut dans la zone euro, explique Aymo Brunetti. Ce qui signifie que la Suisse devra sortir du modèle du cours plancher au cours des deux ou trois prochaines années.
En sortir maintenant serait prématuré, convient le professeur d'économie. L'accalmie en vigueur depuis plusieurs mois désormais dans la zone euro doit d'abord être consolidée. L'abandon du cours plancher constituera un grand défi et un pas qui n'a jamais encore été testé dans la réalité, note Aymo Brunetti.
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