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Après une année 2012 record, le secteur craint que le Parlement ne retienne qu'un minimum de 50% pour obtenir le label suisse.
L’horlogerie suisse connaîtra une année 2012 record, avec des exportations dépassant pour la première fois la barre des 20 milliards de francs. Mais le secteur craint de voir le Parlement retenir un taux minimum de 50% seulement pour obtenir le «swiss made» pour les produits industriels.
«L’horlogerie se trouve un peu isolée parmi les organisations économiques», regrette Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH), dans un entretien accordé à l’ats. En particulier par rapport à l’Union suisse des arts et métiers (USAM), alors qu’economiesuisse prône le compromis.
Reste que ce compromis, avec un seuil de 50% pour les produits industriels mais de 60% pour l’horlogerie, n’a pas trouvé grâce devant le Conseil des Etats il y a deux semaines. Au printemps pourtant, les choses se présentaient bien avec un Conseil national qui avait accepté le taux de 60%, un coefficient voté à près de 90% par les membres de la FH en 2007 déjà.
Pour la place industrielle
Jean-Daniel Pasche se montre donc déçu pour l’heure. «Pour l’horlogerie suisse, un taux plancher de 50% ne répond pas aux attentes des consommateurs». L’idée consiste à renforcer l’excellence du tissu industriel, notamment pour la sous-traitance, avec en toile de fond l’objectif de maintenir la place helvétique.
Un renforcement qui est très largement soutenu dans la branche, contrairement à ce que certains disent, insiste Jean-Daniel Pasche. «Il n’y a pas de division entre grandes et petites marques, sachant que de très nombreuses PME soutiennent notre position». Selon lui, la montre est le produit typique qui s’appuie sur la valeur suisse, avec toute sa dimension émotionnelle.
En attendant que les Chambres fédérales s’accordent l’an prochain, le président de la FH tire un bilan très positif de l’exercice 2012. Après onze mois, à la faveur d’une croissance de 12,6% sur un an, le montant des exportations a déjà dépassé, avec 19,6 milliards, le record de 19,3 milliards de francs établi en 2011.
«Barre mythique»
La «barre mythique» des 20 milliards de francs sera effacée sans problème avec les résultats du mois de décembre. Et pour 2013, Jean- Daniel Pasche anticipe clairement une poursuite de la croissance, même si le rythme sera un peu moins élevé. «Les perspectives demeurent réjouissantes.»
Il aura ainsi fallu à peine douze ans pour passer de 10 à 20 milliards de francs, et ce malgré la récession de 2009, relève le président de la FH. La performance intervient dans un contexte de stabilité pour les volumes, à plus de 30 millions de pièces, même si des différences existent entre les segments de prix.
Même si tous les segments sont en hausse, le succès est évidemment le plus visible dans le haut de gamme, voire le très haut de gamme, soit les montres affichant un prix export supérieur à 3000 francs. Ce qui implique un prix en magasin de 10’000 à 12’000 francs. Jean-Daniel Pasche constate aussi que les douze premiers marchés sont tous en croissance.
La montre comme un investissement
Au-delà de Hong Kong, premier débouché, et de la Chine, troisième, qui ont un peu ralenti, les Etats-Unis se trouvant en deuxième position, le président de la FH souligne la reprise survenue ces derniers mois en Europe, dans un contexte marqué par la crise de la dette en zone euro. «Même l’Espagne et la Grèce renouent avec des progressions.»
Dans un environnement difficile, «la montre suisse reste un produit attrayant, son achat étant perçu comme un investissement. L’acheteur veut peut-être moins mais mieux», explique Jean-Daniel Pasche. D’ailleurs, il suffit de citer pour s’en convaincre la vigueur des ventes de garde-temps en or, en dépit du prix élevé du métal jaune.
Quant aux consommateurs, ils privilégient toujours plus les objets découvrant au mieux le mouvement mécanique, même si la majorité des montres exportées sont électroniques. Plus globalement, le président de la FH rappelle que la branche, qui emploie plus de 53’000 personnes en Suisse, mise sur l’extension des accords de libre-échange afin d’assurer ses débouchés. (ats/Newsnet)
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