Les actions de Swatch Group et de Richemont atteignent des records
 
Le 08-01-2013

Les deux valeurs n’ont pas épuisé leur potentiel, selon les analystes. Tous les regards sont tournés une fois de plus vers la Chine

Début d’année étincelant pour les deux valeurs boursières suisses assimilées à l’industrie du luxe. Richemont, numéro deux mondial du secteur, a gagné la semaine dernière 5% à 75 francs. Swatch Group s’est quant à lui apprécié de 6,5% à 494 francs. Lundi, les deux titres ont toutefois évolué en sens inverse. Il n’empêche, les deux sociétés naviguent à des niveaux jamais atteints. En 2012, les deux groupes ont de plus réalisé une bien meilleure performance que le SMI, avec une hausse de respectivement 43,8% et de 26,7%, alors que l’indice des valeurs vedettes de la bourse suisse n’a crû que de 16,8%.

Et le phénomène n’est pas nouveau. Sur un horizon plus large, les deux entreprises ont également mis la barre très haut. En quinze ans, le titre Swatch Group a crû de 495%, celui de Richemont de 796%, d’après Bloomberg. Ce qui donne une moyenne annuelle de 12,6% pour le premier et de 15,8% pour le deuxième. De quoi réjouir les investisseurs orientés long terme mais de quoi laisser le SMI bien penaud, avec sa hausse de 16,4% sur la même période (1% en moyenne chaque année). Les autres titres de l’indice s’en trouvent bien contrits aussi. Deux exemples suffisent pour s’en convaincre: Holcim a pris 95% en une décennie et demie, tandis que Novartis stagnait presque (+1,5%).

Du coup, les deux horlogers suisses obligent les analystes à refaire tant et plus leurs calculs. Lundi, la banque Berenberg a revu à la hausse ses objectifs de cours pour les deux valeurs. Les analystes de l’établissement zurichois voient encore du potentiel pour Swatch et ont rehaussé sa cible à 575 francs, contre 500 précédemment. Pour Richemont, l’objectif a été adapté à 72 francs (63 francs auparavant). Soit près de 25 fois le bénéfice par action de 2011 pour le premier, et de 26 fois pour le second, selon les données de Swissquote.

Comment expliquer cette évolution hors norme? Les réponses sont unanimes: grâce à la Chine et son amour des produits haut de gamme. Les investisseurs pensent que l’économie chinoise a peut-être atteint son plancher au 3e trimestre et donc Swatch et Richemont, qui sont les valeurs du luxe les plus représentées en Chine, sont soutenues par ces anticipations, explique Antoine Belge, analyste chez HSBC. «Il faut désormais que les résultats de ces deux sociétés confirment ces espoirs.»

Analyse identique chez Jon Cox de Kepler. Les ventes de montres et de bijoux à Hongkong ont progressé de 14% au mois de novembre 2012, explique-t-il. Soit un résultat supérieur aux anticipations et le meilleur taux depuis le mois d’avril. «Ce qui signifie probablement que le pire du ralentissement observé en grande Chine est désormais passé», d’après Jon Cox. Patrick Hasenböhler, analyste à la Banque Sarasin, évoque aussi des ventes de Noël qualifiées de positives. Il n’en a pas fallu plus pour que Credit Suisse relève à son tour son objectif de cours sur Swatch Group, de 480 à 540 francs, tout en maintenant son opinion à «surperformance». La banque estime par ailleurs que les fondamentaux du luxe resteront positifs cette année, et que la décote de 14% du groupe biennois par rapport à son secteur n’est pas justifiée, au regard de son expérience solide et de sa position de leader. En d’autres termes, il n’y aurait pas de risque de bulle sur ce segment.

Si Patrick Hasenböhler, de la Banque Sarasin, n’exclut pas des prises de bénéfices à court terme qui pourraient peser sur les cours, les deux valeurs n’ont pas épuisé pour autant leur potentiel haussier, d’après lui. Il en veut pour preuve l’attractivité du secteur du luxe, le bon positionnement de ces deux entreprises et un rendement du capital élevé. Les perspectives restent donc porteuses. Jon Cox anticipe d’ailleurs une croissance des exportations horlogères de 7% sur l’ensemble de l’année. Tout en précisant qu’il pourrait s’agir d’une estimation conservatrice, notamment en fonction de ce qui pourrait se passer en Chine et à Hongkong. Récemment, dans ces colonnes, Nick Hayek, patron de Swatch Group, estimait que la progression pourrait avoisiner 5 à 7% pour l’exercice en cours.

Bastien Buss
LE TEMPS

 

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