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Un modèle de la marque Omega sera équipé de cette évolution technologique. Il arrivera sur le marché cet automne
Swatch Group continue de monopoliser l’actualité horlogère en ce début d’année. Jeudi, lors d’une conférence de presse à Genève, plusieurs responsables de filiales du numéro un mondial de la branche ont présenté une évolution technologique, qui, comme le veut la tradition emphatique de ce milieu, a été décrite comme une révolution. En termes plus prosaïques, l’entreprise biennoise a élaboré à l’interne pour sa marque Omega un mouvement mécanique capable de résister à un champ magnétique de plus de 15 000 Gauss. Les champs magnétiques, omniprésents dans notre environnement, sont un funeste et violent perturbateur des mouvements horlogers. A hautes doses, ils altèrent la marche et la précision d’une montre, voire stoppent carrément son fonctionnement. Une fois le garde-temps contaminé, il est même parfois nécessaire de la rapporter au service après-vente pour un démontage complet.
Mercredi à la Cité du Temps, c’est un prototype qui a été présenté. La montre sera officiellement prête lors de Baselworld, fin avril, et doit être livrée sur les marchés en octobre de cette année. Ce mouvement, conçu conjointement par les ingénieurs d’ETA, d’Asulab, de Nivarox et d’Omega, équipera la collection Seamaster Aqua Terra et sera vendu au prix de 5900 francs (contre 4900 francs pour le modèle traditionnel). A terme, cette percée dans l’amagnétisme pourrait profiter à d’autres modèles ou d’autres marques du groupe. Des applications médicales ultérieures font également partie du domaine du possible.
En l’absence de Nick Hayek, patron de Swatch Group, retenu dans des bouchons entre Bienne et Genève, c’est Raynald Aeschlimann, vice-président et directeur des ventes d’Omega, qui a mené la cérémonie de présentation de ce modèle qui sera produit de manière industrielle. Tous les secrets de fabrication n’ont pas été dévoilés, notamment quelles pièces précises ont subi des modifications et lesquelles, mais le mouvement bénéficiera d’autres innovations depuis longtemps fiabilisées, comme le spiral en silicium, amagnétique, et la roue d’échappement coaxial en nickel-phosphore.
«C’est notre plaisir et notre devoir de repousser les standards existants», selon Raynald Aeschlimann. Si ce mouvement n’est pas le premier sur le marché à lutter contre les effets du magnétisme, véritable fléau pour les montres, c’est la première fois que les résistances atteignent 15 000 Gauss, affirme-t-il. Par ailleurs, le mouvement pourrait encore supporter davantage, étant donné que cette valeur correspond non pas à la résistance du mouvement, mais à celle des appareils de mesure utilisés lors des tests internes. Neuf brevets ont été déposés.
Michel Willemin, patron d’Asulab, l’entité de recherche et de développement de Swatch Group, ne cache pas que ce mouvement réduira le nombre de montres revenant au service après-vente d’Omega. Soit un gain de temps et d’argent. Selon les propres statistiques d’Omega, quelque 15% des montres confiées à ses ateliers de réparation doivent être démagnétisées après une exposition trop forte. Ou alors en raison de l’effet rémanent de la magnétisation sur certaines pièces de la montre, à l’image d’un tournevis, aimanté inopinément, captant des vis, par exemple.
Jusqu’ici, pour lutter contre ce phénomène, les horlogers utilisaient une cage afin d’isoler le mouvement du reste de la montre. «Mais cette solution n’est efficace que jusqu’à 1000 Gauss», selon Michel Willemin. De plus, Nick Hayek avait demandé que la montre soit dotée d’une indication de la date sur le cadran et d’un fond transparent. Soit deux ouvertures sur le mouvement et de facto des contraintes supplémentaires. «Qui ont été maîtrisées», assure Jean-Claude Monachon, responsable du développement des produits chez Omega.
Bastien Buss
LE TEMPS
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