Prix Rolex à l’Esprit d’entreprise - 5 visionnaires désignés Jeunes lauréats
 
Le 29-01-2013

En novembre dernier à Dehli, Rolex a nommé cinq jeunes lauréats qui réalisent des projets fascinants au Mexique, en Inde, en Afghanistan et au Paraguay.

Alors que les Prix à l’esprit d’entreprise ont été créés en 1976, Rolex a lancé, en 2009, des prix spéciaux pour Jeunes lauréats afin d’encourager la génération des dirigeants de demain. Selon le calendrier prévu, ces prix devaient être décernés en 2014. Toutefois, face à l’explosion du nombre de candidats de moins de 30 ans (multiplié par cinq) dans le programme traditionnel des Prix Rolex, le Jury 2012 a été prié de désigner cinq Jeunes lauréats. Rolex a reçu cette année un nombre record de candidatures: 3’512 dossiers provenant de 154 pays.
Les Jeunes lauréats, qui réalisent des projets fascinants au Mexique, en Inde, en Afghanistan et au Paraguay, ont impressionné le jury par leur passion et leur détermination à créer des changements positifs non seulement dans leur communauté, mais à une échelle plus large. En présence des cinq lauréats précédents, les nouveaux nominés se sont vus remettre leurs prix le 27 novembre dernier à New Dheli. Chacun d’entre eux a reçu la somme de 50’000 francs suisses, ainsi qu’un chronomètre Rolex. Et son projet bénéficiera d’une large publicité. Présentation des Jeunes lauréats de la nouvelle cuvée!

Maritza Morales Casanova (28 ans), Mexique
Jeune écologiste débordante d’idées, Maritza Morales Casanova, originaire de l’Etat du Yucatán, veut sensibiliser les jeunes - en particulier les enfants défavorisés - aux enjeux écologiques, et notamment aux problèmes des ressources en eau et de leur durabilité. Soucieuse de développer son action auprès de la population locale, elle a entrepris de créer un grand parc dédié à l’environnement qui proposera chaque année des activités éducatives à 64’000 enfants.
La péninsule du Yucatán souffre de graves problèmes dus à sa composition géologique de calcaire perméable (karst). L’eau de pluie s’infiltre rapidement dans la roche et s’accumule dans des puits souterrains. De ce fait, la partie septentrionale de la péninsule n’a ni cours d’eau, ni lacs. Avec des aquifères aussi fragiles, la pollution et la mauvaise gestion des eaux usées posent de graves problèmes écologiques et sanitaires. La région, qui compte deux millions d’habitants, est aussi une destination appréciée des touristes, ce qui accroît la pression sur l’environnement. Elle est habitée en grande partie par des communautés autochtones de langue maya, extrêmement pauvres et peu, voire pas conscientes, de la nécessité de sauvegarder le milieu naturel.
Maritza est convaincue que des mesures radicales s’imposent et sans tarder. Il faut éduquer la nouvelle génération et aider les Mexicains à mettre en place des politiques publiques et des modes de vie adaptés à la protection de l’environnement. Son projet a pour principal objectif de dispenser dans les cinq ans à venir une éducation environnementale de qualité à 50% des écoliers et des étudiants du Yucatán, soit quelque 286’000 jeunes de 5 à 22 ans.
Elle crée à cette fin un parc de 7’600 m2, où les enfants de la région et leurs familles pourront se familiariser de façon ludique avec la thématique de l’écologie, grâce à des jeux conçus pour les enfants et les adolescents. Le parc «Ceiba Pentandra», du nom d’un arbre sacré maya, sera situé à Mérida, capitale du Yucatán, qui compte environ un million d’habitants. Il comprendra cinq zones d’activités éducatives, une bibliothèque sur l’environnement, un laboratoire prévu pour 25 enseignants et étudiants, un dortoir pour accueillir des jeunes des communautés côtières venus fréquenter les écoles et l’université de la ville, un auditorium, un musée, un théâtre en plein air et une zone de formation à l’aquaculture.

Karina Atkinson (27 ans), Ecosse
Scientifique particulièrement inventive, Karina Atkinson s’est fixé un objectif ambitieux: faire du Paraguay une destination renommée pour le tourisme durable en protégeant et en développant, grâce à la recherche scientifique et à la participation des communautés locales, une réserve naturelle dans le centre du pays.
Le Paraguay, pays de plus de six millions d’habitants, sans accès à la mer, est une des nations les plus pauvres d’Amérique du Sud. Son économie a bénéficié d’un essor de l’agriculture, mais l’élevage intensif ainsi que la culture du soja et de l’eucalyptus ont mis à mal le milieu naturel.
Karina Atkinson a cofondé en avril 2010 Para La Tierra, organisme à but non lucratif dans le cadre duquel elle met en place un modèle de recherche et d’éducation environnementales qui soutient les communautés établies autour de Laguna Blanca, réserve naturelle de 804 hectares dans le centre du pays.
Le projet de Karina comporte deux grands volets. Le premier est axé sur la conservation, la recherche scientifique, l’éducation et la sécurité. Grâce à trois collaborateurs à plein temps, deux employés à temps partiel et des bénévoles, l’action de Para La Tierra s’inscrit dans la durée. L’objectif à long terme est de constituer une assise scientifique pour la conservation des espèces et des habitats dans la réserve, et une source d’information pour les chercheurs. La deuxième priorité de Karina est l’écotourisme. Des touristes visitent déjà la réserve, mais elle veut organiser des visites pour des groupes allant jusqu’à 130 personnes, surtout des écotouristes et des chercheurs. La réserve a déjà accueilli plus de 150 volontaires, stagiaires et spécialistes du monde entier; 29 projets ont été menés à bien et 10 articles sont parus dans des revues scientifiques.

Selene Biffi (29 ans), Italie
Selene Biffi est une entrepreneuse sociale italienne qui se consacre avant tout à l’autonomisation et à l’éducation des jeunes. Elle veut créer en Afghanistan une école de conteurs, qui préservera le patrimoine oral et les récits traditionnels afghans en permettant aux vieux maîtres conteurs de transmettre leur art aux jeunes. Les compétences et les connaissances pratiques acquises permettront aux étudiants de préserver cet héritage, mais aussi d’apprendre à créer des récits afin de transmettre aux communautés plongées dans la pauvreté des messages essentiels pour le développement.
L’école que Selene veut ouvrir à Kaboul serait fréquentée par de jeunes Afghans sans emploi qui seront formés par des conteurs chevronnés. L’école fournira aux jeunes les compétences nécessaires pour créer des récits oraux convaincants et les ONG pourront utiliser ces compétences pour faire passer dans tout le pays des messages adaptés au contexte et à la culture locale sur la paix et le développement. Les communautés afghanes pourront ainsi avoir accès, sous une forme familière, à des informations sur des questions essentielles, par exemple dans les domaines de la santé, de la sécurité alimentaire ou de la préparation aux catastrophes.

Sumit Dagar (29 ans), Inde
Sumit Dagar est un concepteur d’interaction qui s’attache à mettre au point des outils techniques centrés sur les besoins de l’utilisateur pour des groupes minoritaires. Il veut concevoir un prototype de téléphone en braille doté d’un écran tactile produisant des formes discernables au toucher, qui offrira aux millions d’aveugles que compte l’Inde de nombreuses fonctionnalités et améliorera considérablement leur vie quotidienne.
Selon les estimations les plus récentes de l’Organisation mondiale de la santé, on compterait dans le monde 285 millions de personnes aveugles ou déficientes visuelles, dont 22% en Inde. Sumit veut aider les millions d’aveugles indiens en fabriquant un prototype de téléphone mobile braille, qu’il espère ensuite faire évoluer vers un smartphone. C’est parallèlement à ses études de maîtrise au National Institute of Design qu’il a commencé à travailler sur l’idée de cet appareil novateur qui intègre une surface interactive tactile fonctionnant comme un écran braille.
Le principe de l’appareil est simple: la surface tactile est formée d’une matrice de minuscules picots dont la hauteur peut varier individuellement. Par une modification du relief de ces aspérités, la matrice peut créer des formes discernables au toucher, des images, des cartes et du texte en braille. Les fonctions prévues pour le futur smartphone braille permettront à l’utilisateur d’enregistrer des images en relief qui pourront être comparées à une base de données enregistrée d’objets et de personnes afin d’en permettre l’identification, d’utiliser la technique de géolocalisation GPS, avec des cartes en relief, pour permettre à l’utilisateur de se déplacer seul et de convertir en braille du texte photographié par l’objectif intégré.

Arun Krishnamurthy (25 ans), Inde
Arun Krishnamurthy est un jeune écologiste indien engagé qui conjugue ses passions pour la nature, l’éducation et la jeunesse dans les activités de son organisation à but non lucratif, Environmentalist Foundation of India (EFI). L’urbanisation effrénée de plusieurs des grandes villes indiennes empiète sur de nombreuses étendues d’eau urbaines, portant atteinte à la biodiversité, qui se trouve amoindrie ou détruite. Arun souhaite traiter ce problème brûlant par la régénération durable du lac Kilkattalai à Chennai, avec l’appui de la communauté.
Il a réalisé une impressionnante série de projets dans le domaine environnemental après avoir abandonné une carrière prometteuse chez Google pour se consacrer à sa passion: concevoir des projets à participation communautaire dans le domaine de la conservation et de la sensibilisation à l’écologie. A travers EFI, il a recruté, par des programmes scolaires et du théâtre de rue, 900 volontaires pour des projets de conservation. La plupart sont des étudiants de moins de vingt ans auxquels il dispense une formation à la conservation, qui comprend des activités pratiques de protection de l’environnement, ainsi que des notions de communication et de planification d’une carrière dans l’écologie. Arun finance partiellement EFI et ses sept collaborateurs à temps partiel grâce à Krish Info Media, la société de communication qu’il a fondée après avoir quitté Google.
Le Jeune lauréat a déjà dépollué des lacs à New Delhi et à Hyderabad. Chennai, la capitale de l’Etat du Tamil Nadu, était jadis connue pour ses lacs et ses jardins, mais une urbanisation anarchique a dégradé un grand nombre d’entre eux. La réduction des lacs a aussi diminué la capacité de la ville à reconstituer ses maigres réserves d’eau grâce aux pluies annuelles de la mousson et l’on voit littéralement s’assécher les habitats urbains de la faune des terres humides de la région. Les lacs urbains étant en outre utilisés pour déverser ordures et effluents, ils constituent un risque sanitaire.

Les Prix Rolex à l’esprit d’entreprise ont été créés pour encourager l’esprit d’entreprise et accroître les connaissances et le bien-être de l’humanité. Ils soutiennent des projets novateurs dans cinq domaines: sciences et santé, techniques appliquées, exploration et découvertes, environnement et patrimoine culturel. Les Lauréats sont des pionniers qui, le plus souvent, sortent des sentiers battus et n’ont guère accès aux financements classiques. Plutôt que de récompenser des réalisations passées, les Prix Rolex apportent reconnaissance et soutien financier à des personnes qui lancent des projets inédits ou veulent mener à bien un projet en cours. Le montant du Prix est de 100’000 francs suisses pour chacun des Lauréats et de 50’000 francs pour les Jeunes lauréats. Le Prix doit être utilisé pour mener à terme les projets sélectionnés.

FHS

 

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