Ulysse Nardin - Le groupe Swatch-ETA surpassé dans le silicium
 
Le 09-10-2007

La marque horlogère Ulysse Nardin invitait récemment les médias spécialisés world wide dans un grand hôtel de Neuchâtel.

Thème: le concept InnoVision. Ou les dix idées qui s’apprêtent à révolutionner l’industrie horlogère.
Derrière ce marketing technologique, d’importantes innovations signées Sigatec. Lancée il y a moins d’un an par Ulysse Nardin et Mimotec, à Sion. Mimotec est actif dans les micromoules métalliques qui permettent la création de pièces horlogères photo-lithographiques de très haute (dé)finition (LIGA).
Exclusivité. Le silicium autorise désormais la gravure de pièces multicouches. «Nous possédons notre propre salle blanche, précise Marc-André Glassey, directeur de Sigatec. Nous avons concentré nos investissements sur des machines à graver de dernière génération que nous avons modifiées. Nous sous-traitons la fabrication de certaines pièces à Mimotec, avec qui nous partageons nos locaux.»
Première exclusivité: la possibilité de graver les deux faces d’une pièce. On parvient ainsi à réaliser une ancre monobloc (première mondiale). Autre innovation: des pièces bimatériaux combinant le silicium et le nickel (le plus actuel, qui cherche à attribuer plusieurs fonctions à une même pièce).

Freak. L’enjeu du joint-venture est véritablement stratégique pour Ulysse Nardin. Les bonds technologiques sont pour l’instant symbolisés par une montre noire à l’aspect étrange: la Freak. Déjà commercialisée en 2001, elle était équipée en première mondiale d’un échappement en silicium. A l’intérieur de son boîtier intrigant est aujourd’hui réuni l’essentiel des dix innovations présentées à Neuchâtel. Des micropièces poussent la coquetterie jusqu’à être ornées de fines gravures holographiques. Finitions invisibles, mais qui séduisent beaucoup les collectionneurs.

Sigatec exploite les qualités élastiques du silicium. Des questions que se sont posées des générations de manufacturiers obtiennent dès lors d’étonnantes réponses. Du côté du service après-vente notamment, talon d’Achille actuel de l’industrie horlogère (lire PME Magazine de septembre, p.33). Les produits nécessitent moins d’entretien et de révisions (tous les trois à six ans actuellement, pour lubrification).

Réactivité. Depuis les années 1970, Tissot ou Nivarox (groupe Swatch) planchent sur des solutions. L’option que propose Ulysse Nardin combine la précision de la gravure du silicium (DRIE), la précision et la résistance mécanique du nickel (LIGA), les propriétés élastiques du silicium, son bon coefficient de frottement à sec et les techniques multiniveaux de Sigatec.

«Nous n’en sommes qu’à l’âge de pierre du silicium. Nous allons commencer par offrir des solutions du type «Me too»: je peux faire les mêmes pièces que vous, mais en utilisant les avantages de ce matériau. Puis nous allons évoluer vers des solutions complètement innovantes.»

L’entreprise n’occupe encore que trois collaborateurs, mais elle se voit révolutionner littéralement l’état de l’art. Sa capacité à produire très vite des pièces en quantité réduite (l’une des caractéristiques de Mimotec) la dote d’une réactivité apparemment hors du commun. A noter qu’Ulysse Nardin n’a pas voulu verrouiller ce laboratoire. D’autres manufactures peuvent accéder à ses innovations.

PME Magazine / François Praz

 

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