Swatch Group va investir 400 à 500 millions de francs en Suisse cette année
 
Le 08-03-2013

Le groupe a franchi un nouveau cap dans l’automatisation de la production de composants. Les créations d’emplois vont se poursuivre cette année dans le pays

Des bottes en plastique mises à disposition pour déambuler autour du nouveau site d’ETA, une conférence de presse dans une usine, encore en construction. Swatch Group a voulu doublement marquer son ancrage local et industriel jeudi lors de sa conférence de presse de bilan à Granges (SO). Un pied de nez aussi à ceux qui ne parlent que de luxe et un rappel que le leader mondial de la branche déploie certes une partie de ses activités dans le haut de gamme mais aussi dans l’entrée et le moyen de gamme et dans les composants. Surtout, c’était une occasion pour l’entreprise biennoise de redire l’importance «vitale» du «Swiss made» pour le secteur et son impérieux besoin de renforcement, alors que le débat sur le Swissness fait rage à Berne.

Dans ce contexte, Nick Hayek, patron de Swatch Group, a une fois de plus martelé son credo: la branche – pour assurer son avenir – se doit d’investir en Suisse et de créer des emplois. Le groupe, qui a dégagé en 2012 un bénéfice net record de 1,61 milliard de francs pour des ventes de 8,14 milliards, va poursuivre ses efforts en ce sens, invitant l’ensemble du secteur à lui emboîter le pas. Swatch Group va ainsi allouer cette année entre 400 et 500 millions de francs pour de nouveaux projets dans le pays, après les 500 millions de l’année précédente. L’enveloppe servira notamment à bâtir de nouvelles usines, à finaliser celles en construction ou encore à étoffer le parc machines. En parallèle, l’entreprise va engager de nombreux collaborateurs durant l’année, sans qu’un chiffre précis n’ait été articulé. L’an dernier, Swatch Group avait créé 900 emplois dans le pays et 280 postes supplémentaires avaient rejoint le groupe via des acquisitions. «Nous allons continuer à être dynamiques sur le marché de l’emploi», a assuré Nick Hayek, un cigare cubain aux lèvres, à un parterre de 80 journalistes venus de toute l’Europe.

Un besoin en personnel qui ne fléchit pas malgré une automatisation accrue de nombreuses opérations horlogères, faites auparavant tout ou partie de main d’homme. Pierre-André Bühler, président d’ETA, bras industriel du groupe, a ainsi donné une demi-douzaine d’exemples «de nouvelles méthodes de production». Avec, comme message principal, «que l’on peut produire à un coût tolérable en Suisse». Tous les flux de production ont ainsi été repensés pour l’usine de Granges et ­seront aussi déployés sur d’autres sites. La galvanoplastie a été entièrement automatisée, permettant la production de 6000 cadrans de montre par heure. Le brossage des pièces est devenu semi-automatique, avec un temps d’exécution trente fois plus rapide qu’auparavant. Il en va de même pour le perçage ou encore pour la technologie d’impression numérique pour cadrans. Pour un nouveau mouvement destiné à la marque Tissot, même la partie chronométrique et son réglage sont désormais confiés aux machines. Différents films ont montré que l’horlogerie, du moins Swatch Group, entrait dans une nouvelle ère: celles des usines aux salles blanches, remplies d’une armée de robots, avec leurs bras articulés qui se meuvent dans tous les sens, et sans arrêt. L’augmentation des volumes de pièces produites a rendu cette adaptation indispensable, selon Pierre-André Bühler. En 2009, ETA fa­briquait ainsi 8 millions de composants par jour. Un chiffre qui est aujourd’hui monté à 14 millions.

«Toutes ces avancées ne signifient pas que nous n’avons plus besoin d’horlogers. Il nous faut au contraire toujours davantage de personnel qualifié», a rassuré Nick Hayek.

Bastien Buss
LE TEMPS

 

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