La marque H. Moser & Cie se donne trois ans pour sortir du rouge
 
Le 17-04-2013

La société schaffhousoise vise à terme une production de 5000 montres

Un vent de renouveau souffle sur la manufacture H. Moser & Cie. Quelques mois après sa reprise par le holding familial Melb, la société schaffhousoise déficitaire affiche en tout cas ses nouvelles ambitions. «Après la restructuration intervenue fin 2012, nous sommes désormais en phase de reconstruction. Diverses mesures ont été prises, comme le renouvellement presque complet de la direction», a indiqué mardi Edouard Meylan, nouveau directeur général de Moser Watch Holding, qui comprend aussi, outre la marque horlogère homonyme, Precision Engineering, ­société spécialisée dans le développement, la production et l’assemblage de composants destinés aux modules d’échappement.

«Notre ambition est de ramener la marque H. Moser & Cie dans les chiffres noirs dans un délai de trois ans. Plus tôt serait même mieux encore», selon le fils du ­président de Melb, Georges-Henri Meylan, ex-dirigeant emblématique de la marque vaudoise Audemars Piguet. H. Moser & Cie, basé à Neuhausen am Rheinfall, avait enchaîné les exercices déficitaires ces dernières années, avec une perte de 27 millions en 2011 pour un chiffre d’affaires de 15 millions.

«Les montres H. Moser & Cie coûtaient trop chères à produire. Il faut donc impérativement baisser leur prix de revient ainsi que nos coûts opérationnels. Nous nous y attelons», explique Edouard Meylan. Lequel a fait ses calculs. «Le seuil de rentabilité se situe à 2000 pièces par année». Auparavant en mains du milliardaire bâlois Thomas Straumann, encore actionnaire à hauteur de 10%, la société écoule pour l’heure un peu plus de 1100 montres haut de gamme par année, dotées de ses propres mouvements (elle possède six calibres manufacturés). Les effectifs ont eux été revus à la baisse, passant de 75 collaborateurs l’an passé à 50 aujourd’hui.

La marque, dont les origines remontent au milieu du XIXe siècle, affirme aborder le prochain salon Baselworld «avec sérénité». L’équi­pe dirigeante a été renforcée avec Stefan Wüest, ancien de Maurice Lacroix, en tant que directeur financier, et Yara Ainsworth, passée par IWC et Swarovski, comme directrice marketing.

Une fois l’équilibre atteint, H. Moser & Cie veut passer à une deuxième phase. «Notre objectif est d’atteindre les 5000 pièces à l’horizon 2017. Ce qui ferait un chiffre d’affaires supérieur à 60 millions de francs», selon Edouard Meylan. La Suisse cons­titue pour l’heure son principal marché. L’Europe dans son ensemble génère 40% du chiffre d’affaires, l’Asie 40% et les Etats-Unis et le Moyen-Orient 10% chacun.

Création d’un groupe

En attendant, l’Empire du Milieu fait la fine bouche. «Il est vrai, les Chinois sont devenus plus frileux, notamment en raison de la chasse aux sorcières liée à la corruption menée par le nouveau gouvernement. Le pays se cherche un second souffle, est en mode expectative. Mais, de notre côté, nous travaillons sur un plan à cinq ans. Il y aura forcément d’autres soubresauts dans ce pays ou ailleurs», détaille le nouveau directeur général. Déjà actionnaire des marques Hautlence et Celsius (téléphones mobiles haut de gamme), Melb n’entend pas s’arrêter là. «Le holding va continuer d’investir dans l’horlogerie sur une base ­opportuniste. L’objectif est de créer un véritable groupe», promet Edouard Meylan, qui a par ailleurs cocréé et dirigé Celsius.

Bastien Buss
LE TEMPS

 

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