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Les contrefaçons, ça commence déjà à dater. Un marché du luxe bien réel émerge en Chine. Avec des labels qui entendent bien conquérir l’Europe.
Emblématique d’un tournant: Hugo Boss a nommé le taïwanais Jason Wu à la tête de la ligne de confection féminine. Et c’est à Shanghai que la griffe allemande a organisé son défilé pharaonique au printemps dernier.
Jusqu’à aujourd’hui, l’influence culturelle semblait aller de l’Occident vers l’Orient uniquement. Depuis plus de 20 ans, l’Empire du Milieu a pris pour modèle nos modes de vie et nos marques de luxe. Pendant que Prada, Louis Vuitton, Hugo Boss ou Dior inondent les centres commerciaux de Shanghai, les produits bon marché «Made in China» envahissent l’Europe et les Etats-Unis.
Mais cette tendance semble aujourd’hui se renverser. Le cabinet de conseil McKinsey prévoit que le volume des ventes des marques occidentales atteigne 27 milliards de dollars d’ici à 2015, ce qui constitue près de 30% des ventes mondiales. Ce qui suscite des convoitises en Asie. Les Chinois apprennent vite et ils ne veulent pas laisser ce marché en plein essor aux seuls Européens.
L’Empire du Milieu essaye de réconcilier avec le présent sa culture traditionnelle vieille de 5000 ans réprimée pendant des décennies de communisme. Ce souci se ressent dans les créations de la plupart des nouvelles marques de luxe qui allient tradition et modernisme.
De nouveaux labels émergent dans des domaines aussi divers que la mode, l’immobilier ou encore es cosmétiques. A l’instar de la boutique Shang Xia qui vient de déposer ses valises à Paris, de nombreuses marques chinoises s’apprêtent faire de même, comme le rapportait dernièrement la SonntagsZeitung. Avec le succès que connaissent déjà ces nouvelles marques, on devrait apprendre, dès maintenant, à prononcer correctement leurs noms.
Shang Xia: bijoux, mode, accessoires
Dans la philosophie chinoise, Shang Xia signifie littéralement «le haut et le bas», «le passé et l'avenir». C'est aussi le symbole de l'union de l'Est et de l'Ouest ou encore de la tradition et de la modernité. Une définition qui correspond bien à l’idée du label: utiliser des anciennes techniques artisanales pour créer dans un style plus contemporain. Shang Xia a été fondée en 2008. Pour le moment son magasin parisien est le seul en Europe.
Ba Yan Ka La: cosmétique
Les produits sont élaborés avec des ingrédients 100% naturels, sans conservateurs, issus de l'agriculture. Les plantes utilisées sont cultivées et récoltées selon le cycle lunaire traditionnel. La marque s'engage également en faveur du développement durable et met en place des accords de commerce équitable avec des producteurs locaux.«Réaliser un produit de qualité chinois qui soit pris au sérieux est très difficile, surtout pour les Chinois eux-mêmes», explique le fondateur, Jean Zimmermann, un Français qui s’est associé à un herboriste chinois dans la SonntagsZeitung.
Shanghai Tang: Mode, Accessoires
Co-fondé par David Tang à Hong Kong en 1994, le label fait partie depuis 1998 du groupe suisse Richemont. Shanghai Tang a voulu rajeunir la mode chinoise des années 1920 et 1930 en s’inspirant de l’habit traditionnel de l’ethnie Han, combiné avec la modernité du 21ème siècle. La marque est également connue pour ses couleurs vives. Shanghai Tang possède de nombreux magasins à travers le monde y compris à en Allemagne et en Angleterre.
Shiatzy Chen: Mode
Wang Chen Tsai-Hsia, 62 ans, a commencé à coudre pour ses voisins à Taiwan. On l’appelle la «Chanel de Chine». En 1978, elle a fondé son label en Asie. Cols hauts, broderies, passementeries, la marque marie les coupes occidentales avec les codes vestimentaires traditionnels; un bel exemple de néostyle chinois. En Suisse, on trouve la marque à l’atelier Fabiola à Lugano.
Uma Wang: Mode
La jeune créatrice de Shanghai est diplômée de la Central Saint-Martin de Londres. Elle a fondé son propre label en 2005. Uma Wang a également travaillé pour des labels chinois pendant plus de 10 ans, une expérience qui lui a permis de développer et d’affiner son propre style. «La femme chinoise devient de plus en plus indépendante, c’est ce changement que reflètent mes habits», ajoute-t-elle. La marque est vendue dans de nombreux magasins européens. En Suisse, on peut la trouver dans la boutique Roma à Zurich.
Wallace Chan: Bijoux
Wallace Chan est le premier bijoutier de luxe chinois à avoir été invité à la Biennale des antiquaires à Paris. Autodidacte et moine bouddhiste, il a commencé sa carrière en tant que travailleur dans les usines de textiles. Ses créations ont été vendues jusqu'à 56 millions d’euros. Elles sont disponibles aux États-Unis. En Suisse, il a exposé à Baselworld.
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