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La marque genevoise milite pour un renforcement du label «Swiss made»
Le Temps: Qu’en est-il au niveau de vos effectifs?
Bertrand Gros: Rolex emploie désormais plus de 10 000 collaborateurs dans le monde, et nous adaptons les effectifs selon nos besoins.
– Quid de votre réseau commercial? Contrairement à d’autres marques, vous ne tissez pas un maillage de boutiques en propre. Pourquoi?
– Notre fondateur avait une vision universelle: être présents sur la plupart des marchés. Cela étant, nous ne pouvons pas disposer de boutiques partout sur la planète. Il en faudrait des centaines, voire des milliers. Raison pour laquelle nous privilégions l’approche des magasins multimarques, dans l’idée d’offrir le choix aux consommateurs. A nous de les convaincre. Dans une boutique, s’ils optent pour une Rolex, c’est une victoire. Toutefois, depuis quelques années, nous avons aussi développé le concept de boutiques monomarques Rolex. Elles sont cependant la propriété de nos clients et sont gérées exclusivement par eux. Nous n’en supportons par conséquent pas les coûts et ne leur faisons de ce fait pas directement concurrence.
– Des voix estiment que Rolex n’innove pas assez. Votre réponse?
– Au risque de me répéter, les nouveaux modèles lancés à Bâle ont eu une résonance extraordinaire, notamment notre ligne Cellini, dont le succès dépasse nos espérances. Nous avons encore, dans nos tiroirs, de nombreuses surprises pour les années à venir. Avec les instruments que nous avons au niveau de la création, de la recherche et de la production, il n’y a aucune limite dans l’innovation et le perfectionnement de nos montres.
– Quels sont vos futurs défis?
– Ils ne dépendent pas véritablement de nous car ils sont d’ordre monétaire, économique et politique et sont d’ailleurs communs à l’ensemble de l’industrie. De nombreux dirigeants horlogers ont déjà décrié la cherté du franc suisse et la force de l’euro. En cas de crise économique majeure, il n’y a aucune raison que l’industrie du luxe ne soit pas touchée. Politiquement, et comme le démontre la situation actuelle en Chine, nous sommes contraints d’escompter une stabilisation et une amélioration.
– Et au niveau des montres?
– L’entrée, le moyen et le haut de gamme horloger suisse vont continuer, je l’espère, à œuvrer dans la recherche et le perfectionnement de la qualité. Dans l’esprit du «Swiss made», qui constitue un véritable label de notoriété internationale, extrêmement fort pour notre industrie.
– Faut-il le renforcer?
– Dès l’origine, Rolex a participé avec d’autres marques à son renforcement. Nous sommes néanmoins conscients que cela pose certains problèmes et que cela peut prétériter un certain nombre d’entreprises. J’appelle néanmoins de mes vœux que ce label soit renforcé. Ce serait salutaire à terme pour l’ensemble de l’industrie horlogère.
– Rolex peut-il encore grandir?
– Nous nous sommes fixé, au cours des années, des objectifs, considérés comme très ambitieux, mais que nous avons toujours dépassés. «Si les arbres ne montent pas jusqu’au ciel», on peut néanmoins penser que la marque va continuer sur cette voie. Je ne vois pas pourquoi, sur le long terme, Rolex ne pourrait pas poursuivre son expansion. Le «status symbol» de la marque, notre esprit d’innovation, notre culture d’entreprise devraient continuer à frapper l’imaginaire auprès des nouvelles générations de manière universelle. Rolex est unique et je suis convaincu qu’elle le restera!
Bastien Buss
LE TEMPS |