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Le ministre des Affaires étrangères voit dans «l'horloge du Sud», qui tourne vers la gauche, un moyen de marquer les spécificités de son hémisphère et de remettre en cause les normes établies.
Les joueurs de jeux de société le savent: les aiguilles d'une montre tournent vers la droite. Sauf en Bolivie. Le gouvernement a décidé que l'horloge visible sur le fronton du Parlement, à La Paz, tournerait désormais vers la gauche, avec une numérotation inversée. Objectif: représenter l'identité des peuples du Sud.
La nouvelle horloge, recouverte de bronze, remplace celle aux chiffres romains qui constituait le principal ornement de ce bâtiment à l'architecture classique, inauguré en 1905. Ce nouvel attribut vise à préserver l'héritage des Boliviens et à leur montrer qu'ils peuvent remettre en question les règles établies, selon les propos du ministre des Affaires étrangères rapportés par la BBC.
«Qui dit qu'une horloge doit toujours tourner dans le même sens? Pourquoi devons-nous toujours obéir? Pourquoi ne pouvons-nous pas être créatifs?», s'est interrogé le ministre lors d'une conférence de presse. À l'occasion du sommet du G77, une coalition de pays en développement qui s'est tenue récemment en Bolivie, une horloge inversée de bureau avait également été présentée aux délégations des pays membres. Cette pendule en bois, dont la forme adopte celle de la Bolivie, inclut un territoire appartenant au Chili depuis un conflit de 1879 mais disputé par la Bolivie.
«Changer les mentalités»
La nouvelle a surpris de nombreux habitants de la capitale. Elle a également suscité une demande d'explication de la part de l'opposition au Congrès, dont la majorité appartient au Parti socialiste du président Evo Morales, Indien Aymara et figure de la gauche radicale et indigéniste latino-américaine.
«L'horloge inversée (...) signifie changer nos mentalités afin de penser depuis le Sud, sans les impositions du Nord», a déclaré sur Twitter le président de la Chambre des députés, Marcelo Elio. Face aux critiques soulevées par cette initiative, il a ajouté que ce changement posait également la nécessité de «mettre fin aux injustices au Nord par un nouvel ordre mondial qui naîtrait au Sud».
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