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Les deux groupes de luxe français ont mis un terme à leurs différends consécutifs à une prise de participation en 2010 de LVMH dans Hermès.
Les groupes de luxe français LVMH et Hermès ont annoncé mercredi 3 septembre avoir mis un terme aux divers contentieux qui les opposaient depuis une prise de participation il y a quatre ans vécue par le second comme une tentative de prise de contrôle rampante.
LVMH, qui possède plus de 23% du capital de son rival, va distribuer l'intégralité de ses actions Hermès à ses actionnaires et s'engage à ne pas acheter de nouveaux titres pendant cinq ans.
L'opération a été structurée de telle sorte à ne pas trop déstabiliser le cours de l'action Hermès, comme aurait pu le faire une vente pure et simple de la participation de LVMH en un seul bloc.
A la Bourse de Paris, l'action Hermès souffrait malgré tout, plongeant vers 10h30 de 7% à 244,35 euros. De son côté, le titre du groupe LVMH prenait 3,34% à 137,50 euros, dans un marché en progression de 1,3%.
«La prime spéculative disparaît pour Hermès, d'où la chute du cours ce matin. En revanche, les investisseurs apprécient la distribution à venir pour les actionnaires de LVMH et (de sa holding) Dior», souligne Barclays Bourse.
Le désengagement du numéro un mondial du luxe, validé par les conseils d'administration des deux groupes, devrait être réalisé «au plus tard le 20 décembre», selon des communiqués rédigés en termes identiques mais diffusés séparément par les deux protagonistes. Procédure de conciliation
Cette pacification des relations entre ces deux grands noms du luxe français intervient à l'issue d'une procédure de conciliation pilotée par le président du tribunal de commerce de Paris Frank Gentin.
L'accord éteint a priori toutes les procédures qui opposaient les deux parties, même si la décision finale appartient à la Justice.
Le numéro un mondial du luxe LVMH avait fait une entrée fracassante dans le capital de son concurrent le 23 octobre 2010, annonçant à la stupéfaction générale détenir 14,2% de son capital grâce à l'utilisation de produits financiers sophistiqués.
Ce raid avait mis en évidence des lacunes, depuis lors corrigées, dans la réglementation boursière française et avait valu à LVMH une condamnation historique - mais limitée à... 8 millions d'euros - pour être entré masqué au capital de son rival.
LVMH avait par la suite continué à accroître sa participation pour la porter au-delà de 23% du capital.
La menace d'une prise de contrôle rampante de son entreprise avait poussé la famille Hermès à rassembler une grosse partie de ses participations dans une holding verrouillant le capital du groupe.
Les deux parties se neutralisaient ainsi mutuellement et ont fini par reconnaître que «la situation n'était pas optimale ni pour les uns, ni pour les autres», a commenté à l'AFP une source proche du dossier.
Grosse plus-value
La pacification des relations entre les deux groupes va se traduire par une distribution aux actionnaires de LVMH de titres d'une valeur de 6,8 milliards d'euros, précise-t-on de même source.
Et l'opération génèrera pour LVMH une plus-value comptable de l'ordre de 2,8 milliards d'euros (3,4 milliards de francs), montant que son fondateur Bernard Arnault - l'homme le plus riche de France - n'a pas perdu la main en matière de juteux investissements.
Depuis l'entrée surprise de LVMH au capital d'Hermès, l'action de ce dernier a en effet pris 64%.
Groupe Arnault, la holding patrimoniale de M. Arnault, se retrouvera in fine avec 8,5% du capital d'Hermès, ce qui correspond au prorata de sa participation actuelle dans le sellier, qui est détenue via LVMH et Dior.
Pour Bernard Arnault, ces actions Hermès deviennent «un investissement patrimonial comme les autres, qui va vivre, et peuvent donc être cédés, même si on s'inscrit pour l'instant dans la durée» au regard des excellentes performances de cet investissement, a-t-on ajouté de même source.
(ats/Newsnet)
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