Les spéculations autour de l'iWatch interpellent l'industrie des montres suisses
 
Le 10-09-2014

Les spéculations autour de l'iWatch ont fait couler beaucoup d'encre sur l'avenir des montres suisses, de nombreux spécialistes redoutant que le groupe informatique Apple avec sa montre connectée ne vienne empiéter sur cette industrie qui a largement contribué à la réputation et à la richesse de la Suisse.

Un article du New York Times, suggérant que la Suisse devait se faire du soucis, a déclenché un déluge de commentaires à l'approche d'un événement très attendu qui doit tenir mardi le géant californien.

Si Apple a jalousement gardé le secret sur ses projets, les aficionados de la marque à la pomme s'attendent à ce qu'y soit dévoilé sa montre intelligente, sur laquelle les rumeurs n'ont cessé d'enfler.

Dans un entretien publié la semaine dernière dans le magazine l'Hebdo, Nick Hayek, le patron de Swatch Group, a pourtant affirmé que l'industrie horlogère suisse n'avait rien à craindre de l'iWatch.

"Si le fait d'indiquer l'heure était le seul intérêt des montres, l'industrie horlogère n'existerait plus depuis longtemps", a-t-il déclaré.

Le patron du numéro un mondial de l'horlogerie a rappelé que la question de l'avenir des montres s'était déjà posé avec l'arrivée des premiers téléphones portables.

"Le marché de l'horlogerie n'a fait que croître depuis lors, surtout dans la montre mécanique", a-t-il souligné.
Les marchés financiers ne l'entendent pourtant pas de cette oreille. En juillet, une rumeur, non sourcée et rapidement démentie, selon laquelle Swatch Group collaborerait avec Apple avait fait décoller le cours de l'action. Le mouvement s'était toutefois rapidement émoussé lorsque le groupe suisse y avait coupé court.
Nick Hayek, qui s'était jusqu'alors montré très réservé sur les montres connectées, avait cependant annoncé peu après que Swatch était en train de travailler sur un modèle équipée de fonctions de fitness, rappelant au passage que le groupe disposait d'une solide expertise sur les composants électroniques.

Selon Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, les montres connectées pourraient venir empiéter sur les plate-bandes des marques suisses d'entrées de gamme, telles que Swatch ou certains modèles de Tissot.
"Mais je ne vois pas cette menace existentielle dont certains parlent pour l'industrie dans son ensemble", a-t-il expliqué à l'AFP.

Dans une étude publiée mi-avril, il avait dit ne pas croire au scénario selon lequel les montres intelligentes pourraient menacer le secteur comme l'avaient fait les montres à quartz japonaises dans les années 1970.
Depuis les fabricants de montres suisses se sont solidement arrimés sur le segment du luxe, a-t-il argumenté, pointant qu'il s'agissait du rare bijou que porte la gent masculine.

En 2013, la Suisse a exporté quelques 28 millions de montres, vendues à un prix moyen en magasin de 1.500 dollars par pièce. Toutefois 6% des pièces, soit 1,6 millions de montres, ont contribué à elles seules à 65% de la valeur exportée. Sur l'hypothèse d'une valeur au détail de 50 milliards de dollars, cela correspond à un prix moyen de 20.000 dollars par montre, a-t-il quantifié.

"Si quelqu'un peut s'offrir une montre à 20.000 dollars, nous supposons que ce même consommateur pourrait s'offrir une montre intelligente en plus de son smart phone ou de sa tablette", a-t-il souligné.
Les fabricants de montres suisses n'en suivront pas moins attentivement la réunion d'Apple.

"Nous devons être vigilants et anticiper les risques d'une telle révolution technologique", a indiqué Stéphane Linder, le patron de Tag Heuer, une des marques-phares du groupe de luxe français LVMH.

Les premières montres connectées n'ont pour l'instant pas réussi à s'imposer, pour des raisons d'ergonomie dans la mesure où les fonctions proposées sont plus intéressantes et plus complètes sur le téléphone portable qu'au poignet.

Si Apple mettait au point des fonctions utiles pour les consommateurs, il estime cependant qu'il faudra trouver des partenaires technologiques pour inventer "la montre de luxe connectée" dès lors que la technologie sera stabilisé;

Jean-Claude Biver, le patron de la division horlogère de LVMH, qui a toujours considéré les montres intelligentes comme une opportunité pour le secteur, avait annoncé début juillet qu'Apple avait débauché Patrick Pruniaux, un des cadres réputés de Tag Heuer, un signe de plus de l'intéret de la firme californienne pour le secteur de l'horlogerie.

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