|
S’il y a bien un secteur touché de plein fouet par la contrefaçon, c’est bien celui de l’horlogerie de luxe… Le premier réflexe pour bon nombre de personnes lorsqu’il voit une Rolex au poignet d’une connaissance « C’est une vraie ? » démontre bien à quel point le secteur est atteint par le fléau de la contrefaçon !
Le développement de l’accès à internet et les répliques de montres toujours plus précises contribuent au succès de la contrefaçon et désormais Rolex n’est plus la seule marque victime des faussaires, des marques moins connues du grand public mais tout aussi prestigieuses à l’image de Audemars Piguet, Hublot, Bell & Ross, Vulcain... sont désormais elles aussi la cible de la copie asiatique. La Fédération de la Haute Horlogerie estime d’ailleurs désormais que chaque année la production de montres de contrefaçon est supérieure à la production de vraies montres suisses (40 millions de pièces contre 30 millions pour la Suisse). Mais attention, de manière institutionnelle ou non, désormais la lutte s’organise sur la toile et parfois ça décoiffe !
Face à la contrefaçon, difficile de faire entendre sa voix. Même si la plupart des Français soutiennent généralement ces opérations visant à éveiller les consciences, les comportements ne changent pas comme le démontre l’évolution croissante des saisies douanières de colis contrefaits. Les campagnes menées par la Fédération de la Haute Horlogerie, la Fédération de l’industrie Horlogère suisse, ou encore TrueTime tentent de faire prendre conscience de l’importance d’adopter un comportement « éthique » envers toute une industrie avec des slogans comme :
« Fake Watches for Fake People »
« Sois authentique, Achète vrai. »
« Devenons Responsables, n’achetons pas de faux »
Ces opérations de communication qui ont le mérite d’exister restent pour l’heure tout de même des bouteilles jetées à la mer… Mais la Fédération de l’industrie Horlogère suisse a décidé il y a quelques années de faire réfléchir de manière bien différente les internautes, en créant elle-même un faux site e-commerce de vente de répliques de montres de luxe qui reste d’ailleurs toujours en ligne : replicaswisswatch.com. Une opération inédite et originale visant directement les acheteurs de contrefaçons... et à l’ère des réseaux sociaux, à chacun de faire connaître ce site en le partageant. Les potentiels acheteurs risquent d’être bien surpris...
De manière moins officielle, la résistance, la lutte anti-contrefaçon fait son chemin avec notamment deux initiatives originales qui ont fait du bruit ces derniers mois sur la toile.
Tout d’abord le « Batman de l’horlogerie », un amateur européen d’horlogerie qui dénonce via son compte instagram « fakewatchbusta » les rappeurs et personnalités s’affichant avec de fausses montres de luxe au poignet. Avec ces dénonciations, le buzz a rapidement pris, une campagne anti-contrefaçon en or pour l’industrie horlogère ! L’ex-patron d’Hublot, Jean-Claude Biver, désormais à la tête de la division horlogère de LVMH avait même souligné la démarche :
« Je ne vais pas cautionner qu’il épingle publiquement des gens. Pour le reste j’applaudis : longue vie à ce Batman ! Son action est éducative et rappelle que, derrière chaque contrefaçon, il y a un vol de propriété intellectuelle. Et aussi, souvent, le crime organisé et des conditions de travail inacceptables, par exemple avec des enfants. »
Dans un esprit un peu similaire, Dan Bilzerian, surnommé par la toile le « Roi d’Instagram » grâce à ses plus de 5 millions de followers à qui il propose de suivre chaque jour un moment de sa vie trépidante de millionnaire, a lui aussi décidé de marquer le coup ! Entre autre grand amateur d’armes lourdes, Dan a proposé à ses fans une séance de tirs grandeur nature filmée par la chaîne Youtube RatedRR, une séance de tirs durant laquelle le « Roi » extermine littéralement des répliques de montres de luxe à l’aide d’un fusil de calibre 50, une réelle arme de guerre !
En quelques jours, pas moins de 520 000 vues pour cette vidéo détonante et encore une campagne originale qui démontre de manière musclée que les contrefaçons de montres n’ont pas leur place sur le marché.
A l’heure d’internet, ces initiatives font du bien à l’industrie horlogère dans le sens où elles ont le mérite d’alerter les consommateurs sur le marché de la contrefaçon, mais il convient ici d’en faire plus et de rappeler les risques pour l’acheteur de produits contrefaits. Le code des douanes prévoit pour rappel une confiscation des marchandises et une amende comprise entre une et deux fois la valeur de l’objet (le moment de garder en tête qu’une Rolex peut valoir « facilement » plus de 10 000 euros...) et une peine d’emprisonnement maximum de 3 ans.
Notons enfin qu’acheter une montre de contrefaçon, au-delà du fait de s’accommoder qu’une entreprise et ses employés se font piller de leur savoir-faire, c’est soutenir un business qui contribue depuis des années à financer le crime organisé, soutenir le travail de clandestins et d’enfants exploités par des réseaux… Et si aucune de ces informations ne vous dérange, il convient de faire attention à vous tout simplement..., certains matériaux utilisés sur ces contrefaçons peuvent être dangereux pour votre santé, cuirs et métaux traités avec des produits chimiques et toxiques...
journaldunet.com |