24 millions d’Apple Watch déferleront l’an prochain
 
Le 05-12-2014

Face au tsunami annoncé par UBS, le secteur horloger – qui exporte 28 millions de montres par an – ne voit pas de menace majeure.

Quelque 24 millions d’Apple Watch devraient être vendues durant les neuf premiers mois de 2015, selon une étude de la banque UBS parue lundi. Sur toute l’année, d’autres observateurs anticipent jusqu’à 40 millions de pièces vendues. C’est plus que la totalité des exportations horlogères annuelles suisses (28,1 millions de montres en 2013). Et c’est sans compter la Samsung Gear, le modèle du géant coréen qui serait, selon UBS, plus prisé que son concurrent californien.

Face à la déferlante annoncée, les horlogers helvétiques se disent sereins. Rappelant que la bataille se joue sur la valeur des garde-temps. «Ces groupes ne me font pas peur. Ils ne vont pas engendrer de crise majeure. Les amateurs de mécanique n’arrêteront pas d’acheter nos montres», tempère ainsi Jack Heuer, l’arrière-petit-fils du fondateur de la marque TAG Heuer. «Les montres suisses peuvent se développer parallèlement aux smartwatches. Elles ne sont qu’un concurrent de plus», renchérit Jean-Daniel Pasche. Le président de la Fédération horlogère suisse estime que «si des personnes ne portant aucune montre achètent des smartwatches, c’est tant mieux: ils s’habituent à habiller leur poignet et peut-être qu’ils passeront à autre chose plus tard». Le directeur du Swatch Group Nick Hayek s’est également voulu rassurant dans la presse. Quant à Jean-Claude Biver, le patron de Hublot trouve l’Apple Watch «pas assez sexy».

«Tsunami en 2015»

Jens Krauss, chef de la division Systèmes au Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM) à Neuchâtel, constate pourtant un sursaut. «Depuis septembre (date de l’annonce par Apple du lancement de sa montre), nous recevons beaucoup plus de sollicitations de toute une série de marques horlogères suisses.» Elles s’intéressent aux compétences du centre en matière de communication sans fil à basse consommation, de génération et de gestion optimisée d’énergie, de technologies d’affichage et de capteurs, utilisés par exemple pour mesurer des paramètres vitaux. Autre son de cloche du côté de l’ex-directeur d’Avenir Suisse Xavier Comtesse. «Il faut s’attendre à un tsunami dès 2015 (l’Apple Watch devrait être commercialisée en janvier). La plupart des montres suisses ont les mêmes prix que les smartwatches», note-t-il. Sur les 28,1 millions de pièces exportées l’an dernier, 23 millions valent en effet 500 francs ou moins. «Les montres connectées permettent de mesurer comme jamais ses performances physiques. Le quantified self (la mesure de ses données personnelles), les gens adorent», ajoute Xavier Comtesse.

Compétences suisses

Récemment, le designer en chef d’Apple confiait au New York Times que les «Swiss watchmakers» doivent s’attendre à des temps difficiles, alors que les moutures connectées sont toujours plus belles et luxueuses. Déjà, le groupe américain Fossil s’est allié avec Google pour faire des montres connectées; un mouvement dont doivent s’inspirer les Suisses, selon Xavier Comtesse qui milite aussi pour que les formations s’améliorent. «Nous avons besoin d’horlogers programmateurs», lance-t-il. Jens Krauss, le responsable du CSEM, se veut rassurant. «On a tendance à sous-estimer les forces de l’horlogerie suisse, estime-t-il. Nous avons toutes les compétences microtechniques et électroniques pour faire des montres connectées de haute qualité et à l’esthétique très soignée.» En 2013, les exportations suisses de montres correspondaient, en nombre de pièces, à 2,3% des exportations globales du secteur. En valeur par contre, plus de la moitié du marché global émane de nos frontières. Près de 3% du PIB national vient de l’horlogerie.

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