Les résultats sur neuf mois ne brillent guère. Mais l’action a dévissé après le choc touchant le franc. Il présage un exercice périlleux.

En chute libre de 15,5% à la clôture, jeudi, l’action de la Compagnie Financière Richemont ( 0.00%) n’a sans doute jamais vécu pareille mésaventure à la Bourse suisse. Elle fait d’ailleurs à peine moins bien que son concurrent Swatch. La multinationale du luxe basée à Genève, qui réunit les maisons de prestige Cartier, Van Cleef Arpels, Piaget, Vacheron Constantin, Jaeger-LeCoultre, IWC, Baume Mercier, Roger Dubuis, Panerai, Montblanc, Ralph Lauren, Alfred Dunhill, Chloé et Lancel, paie cash la décision de la BNS.

Déjà sous pression

Peu avant l’annonce-choc de la banque centrale, le titre Richemont était déjà sous pression suite à la publication de ses résultats sur les neuf premiers mois de son exercice 2014-2015, qui se termine à la fin de mars. Le chiffre d’affaires du dernier trimestre présenté en euros (3,05 milliards, soit +4% sur un an, mais 0% à change constant) est en effet inférieur comparativement au 1er semestre ainsi qu’aux prévisions des analystes.

Car sur les neuf premiers mois, les ventes ont progressé de 3%, à 8,48 milliards d’euros (soit 10,18 milliards de francs). Mais exprimée en monnaies locales, cette progression est de 2%, une hausse pratiquement dans la tendance des exportations horlogères suisses. Toutefois, cette performance est très variable selon les marchés, remarque le groupe Richemont dans son communiqué.

Le chiffre d’affaires a augmenté de 8% en Europe, à 3,32 milliards d’euros, grâce notamment aux achats des touristes et au change favorable. La région des Amériques affiche une hausse de 11%, à 1,41 milliard d’euros. Par contre, les ventes ont reculé de 3%, à 3,15 milliards, dans la zone Asie-Pacifique, à cause d’un climat difficile à Hong Kong et Macao entre autres. Le Japon enregistre un important recul de 9%, à 602 millions. Celui-ci est très lié au taux de change, puisque à taux constant, la baisse se limite à 4%.

Par produits, les résultats sur neuf mois montrent une hausse des ventes dans la bijouterie-joaillerie, avec les marques Cartier et Van Cleef, de 1%, à 4,25 milliards d’euros. Tandis que les maisons horlogères sont en progression de 2%, à 2,44 milliards. Mais la hausse était nulle au dernier trimestre. Les autres produits – dont Dunhill, Lancel, Chloé, Montblanc et le portail Internet Net-a-Porter – bondissent de 7%, à 1,79 milliard.

Salon phosphorescent

Les événements de jeudi sur le marché monétaire, qui auront un impact considérable sur les affaires du groupe en 2015, ne sont naturellement pas commentés à la publication de ces résultats. Mais à quelques jours de l’ouverture du Salon international de la haute horlogerie (SIHH) à Genève, ils ne manqueront pas de faire phosphorer les dirigeants du groupe aux mains de la famille sud-africaine Johann Rupert.

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