Franc fort: la BNS oublie l'industrie et le tourisme, dit Nick Hayek (Swatch)
 
Le 26-01-2015

L'abandon du cours plancher de l'euro continue à faire couler beaucoup d'encre. Selon Nick Hayek, directeur général de Swatch Group, la Banque nationale suisse (BNS) oublie avec sa décision de défendre l'industrie et le tourisme, qui souffrent de la forte appréciation du franc.

La BNS a modifié ses priorités à court terme, estime Nick Hayek dans une interview parue dimanche dans l'hebdomadaire alémanique "SonntagsBlick". "Elle préfère tirer le bilan de sa propre action plutôt que de miser sur une véritable défense de la place industrielle suisse et du secteur touristique."

La décision annoncée le 15 janvier ne change toutefois pas la stratégie à long terme. "Nous luttons depuis plus de 20 ans déjà contre les problèmes liés aux taux de change. Cela ne nous a jamais empêchés d'accroître le nombre de nos usines en Suisse ainsi que celui de nos employés."

CRITIQUES CONTRE LA BOURSE

Au-delà, et comme son père Nicolas Hayek à l'époque, Nick Hayek se montre sévère avec la Bourse, suite à la forte correction du cours des actions, dont celles de Swatch Group. "Je prends note", dit-il. "Simplement, notre stratégie ou notre activité opérationnelle ne changera pas à cause de l'évolution des cours."

"Swatch Group vend des montres, pas des actions", lâche le patron du groupe biennois. Plus largement, Nick Hayek ne paraît pas forcément tenir plus que cela à la Bourse. "Les cours se sont depuis longtemps éloignés du monde réel", constate-t-il. Plus loin, il évoque l'idée de sortir de la cotation.

"Nous pourrions profiter de davantage de tranquillité, travailler avec nettement moins de bureaucratie et nous concentrer sur le but propre du groupe: vendre au niveau mondial des produits fabriqués avec succès en Suisse".

TEMPS DE TRAVAIL ET SALAIRES

La question de l'impact du franc fort sur l'emploi et les salaires suscite aussi la discussion dans la presse dominicale. A l'instar du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann vendredi, Patrick De Maeseneire, directeur général d'Adecco, prévoit une flexibilisation accrue du temps de travail et des baisses de salaires.

"Nous ne détectons pas encore de mesures concrètes, mais certains de nos clients sont très inquiets", a souligné le Belge, qui dirige le numéro un mondial du placement professionnel, dans les colonnes du "Matin Dimanche" et de la "SonntagsZeitung".

Chez Stadler Rail, la réflexion paraît déjà avancée. Le directeur général du fabricant de matériel ferroviaire, Peter Spuhler propose d'augmenter temporairement le temps de travail de deux heures par semaine. Interrogé par la "SonntagsZeitung", l'ancien conseiller national UDC exclut en revanche des coupes dans les salaires.

"On ne doit pas empiéter sur les salaires à l'heure actuelle", dit Peter Spuhler. D'un point de vue macroéconomique, la mesure constituerait une erreur en diminuant le pouvoir d'achat de la population, avertit le patron de l'entreprise thurgovienne.

RÉPERCUSSION DES BAISSES DE PRIX

Dans le commerce de détail, Coop estime que le secteur a tiré les leçons de 2011 en matière de forte appréciation du franc suisse face à l'euro. Ses acteurs répercutent cette fois sans attendre les gains de change en faveur du consommateur, relève Philipp Wyss, directeur des achats du groupe bâlois, dans la "Schweiz am Sonntag".

"Le consommateur ne comprendrait pas pourquoi une tête de salade provenant quotidiennement d'Espagne ne coûte pas immédiatement moins cher", explique Philipp Wyss. "Même si nous disposons en partie de contrats à long terme."

Une situation qui ne manque pas de réjouir le surveillant fédéral des prix Stefan Meierhans. Dans le "SonntagsBlick", il rappelle qu'il avait fallu entre six et neuf mois en 2011 pour voir les prix baisser sur un large front, après que les consommateurs eurent exercé une forte pression.

Enfin, Sergio Ermotti semble tirer à la même corde. "Nous pouvons prendre des mesures touchant aux impôts et infrastructures", note le directeur général d'UBS dans la "Schweiz am Sonntag". Celles-ci doivent être arrêtées avant même que les conséquences de la décision de la Banque centrale européenne (BCE) ne se fassent ressentir.

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