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Swatch Group est prêt à commercialiser une montre intelligente «Swiss made». Elle sera lancée dans deux à trois mois, annonce Nick Hayek. En 2014, le groupe dit avoir déposé un nouveau brevet tous les deux jours
Le grand patron de Swatch Group l’avait déjà laissé entendre au fil de l’année 2014. Le groupe horloger biennois ne resterait pas de marbre face à l’avènement programmé de la montre intelligente, dynamisée par l’arrivée très attendue de l’Apple Watch, ce printemps.
A l’occasion de la publication des chiffres annuels, Nick Hayek l’a confirmé et précisé, ce jeudi: le groupe est prêt à commercialiser une Swatch intelligente. Sa sortie est prévue dans deux à trois mois.
Cette smartwatch intégrera des fonctions de communication via Internet et des applications qui tourneront sous Windows et Android. Mais aussi l’une des technologies les plus prometteuses dans ce nouveau segment de produits: le paiement mobile. A ce sujet, le groupe est d’ailleurs entré en discussions avec plusieurs distributeurs.
Les mois à venir pourraient donner lieu à une collision d’agendas, puisqu’Apple a prévu de commercialiser sa montre intelligente en avril. Globalement, le marché des smartwatches pourrait atteindre 10 milliards de dollars d’ici à 2018. Et 1,8 milliard de dollars dès cette année, selon les prévisions des analystes de Citigroup. Selon eux, la moitié des clients devrait être constituée d’amateurs de montres traditionnelles qui se tourneront vers ce nouveau segment.
La bataille concurrentielle et les comparatifs ne manqueront pas. Ils ont même déjà commencé. Alors que de gros doutes planent sur l’autonomie réelle des Apple Watch – le groupe californien n’a jamais abordé le sujet – la Swatch connectée n’aura pas besoin d’être rechargée, a promis Nick Hayek, jeudi.
Cette montre sera-t-elle équipée d’un cadran capable d’accumuler l’énergie solaire, comme la T-Touch Expert Solar de Tissot, qui fait aussi partie de la galaxie Swatch Group? Jens Krauss ne partage pas cette hypothèse. Au vu des technologies disponibles à ce jour, le seul photovoltaïque ne peut pas suffire à rendre autonome une montre comportant un écran et plusieurs fonctions de communication, tranche l’expert du Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), à Neuchâtel.
Une montre automatique, dont la recharge dépend des mouvements du poignet? «Il me paraît difficile d’imaginer qu’une mini-génératrice convertissant l’énergie mécanique en énergie électrique, ndlr] puisse être compatible avec l’utilisation d’une montre connectée.»
Restent donc les micro-piles, non rechargeables donc, comme le promet Nick Hayek. C’est en tout cas un domaine d’activité dans lequel certaines entreprises de Swatch Group, comme Renata, dans le canton de Bâle, se sont profilées depuis des décennies comme les spécialistes en la matière. Cette entreprise produit plus d’un million de piles par jour, selon le site internet du groupe.
«La clé de tout, ce sont les batteries et la consommation d’énergie», résumait Nick Hayek dans L’Hebdo en automne dernier. Jens Krauss est du même avis. L’enjeu, c’est d’assurer «une autonomie acceptable pour l’utilisateur, ce que les montres connectées disponibles n’offrent pas encore».
Si Nick Hayek a toujours affiché sa sérénité face à Apple et aux autres, s’il a maintes fois répété que son groupe détenait les technologies nécessaires, il semble que le rythme d’innovation se soit accéléré récemment. En 2014, Swatch Group a battu son propre record en termes de brevets déposés. Contacté par Le Temps, le groupe ne donne pas de chiffre. Ni ne révèle quelle part concerne directement les montres intelligentes. Mais il donne une bonne idée de son rythme d’innovation: «à peu près un nouveau brevet tous les deux jours».
Servan Peca
[LE TEMPS
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