La hausse du dollar soulage les exportateurs suisses
 
Le 18-03-2015

Le billet vert a regagné 17% face au franc suisse depuis que la BNS a abandonné le taux plancher, le 15 janvier. Une bonne nouvelle pour l’industrie d’exportation, sachant que la zone dollar absorbe 20 à 25% des ventes suisses à l’étranger

En Europe et aux Etats-Unis, les politiques monétaires s’opposent. La BCE vient de lancer son programme de rachats d’actifs. La Réserve fédérale (Fed), elle, devrait augmenter ses taux d’intérêt cette année. Ce scénario a longtemps fait l’unanimité. Mais à la veille de la réunion de la Fed, ce mercredi, les marchés hésitent. Le dollar, en hausse de 12% face à l’euro, depuis début 2015, devient-il trop fort au goût des Américains? La première hausse de taux depuis 2008 pourrait être retardée, et le dollar perdre quelques plumes.

Mais à moyen terme, il va monter. Une majorité des analystes reste de cet avis. Les données compilées par Bloomberg montrent qu’en moyenne, les grandes banques misent au moins sur une stabilisation, voire une hausse face au franc. Parmi les plus optimistes, BNP Paribas et Bank of America Merrill Lynch tablent sur un taux de 1,09 et 1,10 franc, début 2016.

Pour l’heure, le billet vert vaut 1 franc. Il a progressé de 17% depuis l’abandon du taux plancher par la BNS, le 15 janvier. Une remontée qui soulage les exportateurs, mis sous pression par la nouvelle faiblesse de l’euro face à la monnaie dans laquelle ils paient leurs charges.

En termes de débouchés géographiques, l’industrie suisse reste certes exposée à hauteur de 45% à la zone euro, contre 12,5% aux Etats-Unis. Mais l’image est tout autre, si l’on considère les sommes réellement encaissées. Selon les douanes suisses, ce sont en fait 34% des exportations qui ont été facturées en euros en 2014 – soit la même proportion que les factures en francs suisses. La part des factures en dollars – aux Etats-Unis, mais aussi ailleurs –, atteint 19% des 218 milliards de francs gagnés par les Suisses à l’étranger.

Et c’est sans compter sur le reste de la «zone dollar», c’est-à-dire les pays qui lient leur monnaie au billet vert, et qui inclut, entre autres, les pays producteurs de pétrole, la Chine, Hong­kong ou certains pays d’Amérique du Sud. Les estimations divergent, mais il semble que ce soit environ 25% des exportations suisses qui dépendent de ces pays. L’économiste de la BCGE, Valérie Lemaigre, estime même qu’à Genève, 50% des exportations cantonales sont dirigées vers la zone dollar.

Cette exposition est en tout cas suffisante pour soulever un vent d’optimisme. Chez Swatch Group, le patron, Nick Hayek, d’abord dégoûté par la décision de la BNS, est aujourd’hui moins sombre, grâce au dollar et au yuan, «deux monnaies plus importantes pour nous que l’euro», disait-il dans L’Hebdo la semaine dernière. La banque Vontobel a aussi revu ses prévisions. Elle pensait d’abord que les effets de changes coûteraient 3% de croissance au numéro un mondial de l’horlogerie en 2015. Désormais, elle n’en attend plus aucun impact négatif.

Mais ce bol d’air vaut pour l’ensemble de l’économie suisse. Début mars, l’institut BAK Basel a revu ses prévisions de croissance à la hausse de – 0,2% à 1%, pour cette année. Son principal argument? La force du dollar. Grâce à elle, le choc monétaire sera trois fois moins fort que ce à quoi s’attendaient les économistes bâlois, au lendemain du 15 janvier. Lorsque le dollar valait 85 centimes.

Servan Peca
letemps.ch

 

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