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La maison horlogère genevoise active dans le très haut de gamme, qui a célébré l'an dernier ses 175 ans, n'entend pas dévier de son cap.
«Nous avons fait mieux en 2014 que l'année précédente, mais nous n'avons pas explosé les chiffres, ce n'est pas notre vocation», a affirmé le président de Patek Philippe Thierry Stern, dans un entretien accordé à l’ATS lors de Baselworld. «Nous poursuivons notre stratégie des petits pas».
Et de rappeler le statut d'entreprise familiale de Patek Philippe. «J'ai la chance de ne pas avoir derrière moi des actionnaires qui veulent obtenir davantage d'argent», souligne Thierry Stern.
La société, dont le chiffre d'affaires est estimé à plus d'un milliard de francs, a écoulé l'an dernier 58'000 montres, soit une hausse de 3000 par rapport à l'exercice précédent. «Les gens sont d'accord d'investir dans des valeurs sûres même s'il a été plus dur de vendre des montres en 2014», constate le président de Patek Philippe.
Clientèle locale
L'Europe représente le marché le plus important, contribuant à environ 45% des ventes totales de l'entreprise. Patek Philippe a maintenu sa stratégie qui consiste à vendre à une clientèle locale. «C'est primordial pour garantir la stabilité», relève le représentant de la 4e génération de la famille Stern à la tête de la société.
L'Asie, sans la Chine, pèse environ un tiers des ventes. Quant aux Etats-Unis, ils représentent 15% du chiffre d'affaires. «Nous avons tout dû reconstruire après la crise financière alors que tout le monde partait sur la Chine», rappelle Thierry Stern. Selon lui, la stratégie a été payante, car ce marché fonctionne bien, tandis que l«empire du Milieu éprouve des difficultés.
Patek Philippe a dû faire face à la «danse folklorique» des taux de change après l'abandon du taux plancher par la Banque nationale suisse (BNS) le 15 janvier. Avant de prendre des mesures, Thierry Stern a bénéficié des précieux conseils de son père. «Il a une expérience de quasiment 50 ans dans le métier, nous en avons discuté, il a vécu ça plusieurs fois», relève-t-il.
Pertes de taux de change
La société a finalement décidé d'absorber les pertes de taux de change de 100 à 150 millions de francs plutôt que de diminuer les marges des détaillants, avec qui elle entretient des liens durables. «Il était important de montrer que l«effort vient des deux côtés, pas seulement des détaillants».
Patek Philippe a également procédé à un réajustement mondial de ses prix. Ceux-ci ont diminué de 5% en Suisse, de 7% à Hong Kong et de 7% en Amérique. A l«inverse, ils ont été relevés de 7% dans la zone euro.
Des décisions particulièrement difficiles à prendre. «A peine, vous avez pris une décision que les taux sont en train de bouger, et nous ne pouvons pas changer les prix tous les mois». Et de conclure: «il faut anticiper, il n'y a pas de solution ou alors vous facturez en francs».
Stabiliser la marque
La société a par ailleurs continué d'embaucher, mais moins que par le passé. «La priorité est de préserver les emplois». Patek Philippe compte 2200 employés dans le monde, dont 1600 à Genève.
Thierry Stern n'entend guère tout bouleverser pour l«année en cours. «La priorité est toujours la même, c'est de stabiliser la marque». Et de souligner: «Nous évoluons constamment, nous ne sommes pas une marque poussiéreuse. Mais une fois que vous avez décidé un cap, il faut le suivre, ce qui est le plus dur à faire».
Preuve de sa confiance en l'avenir, Patek Philippe a annoncé en début d'année la onstruction d'un nouveau bâtiment sur son site de Plan-les-Ouates (GE). Le projet, dont l'investissement s'élève à 450 millions de francs, devrait être achevé d'ici à quatre ans.
(ats/Newsnet)
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