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Le millésime 2007 n’aura pas été celui des marques du bout du lac au Grand Prix d'horlogerie de Genève, lequel a décerné sa vague de trophées le 14 novembre.
Alors que les sociétés genevoises ont toujours trusté l’essentiel des prix, les personnalités ou marques implantées industriellement à Genève n’ont glané que deux récompenses cette année: celui – très attendu – du meilleur horloger-concepteur est allé àJean-Marc Wiederrecht (Agenhor) et le prix de la montre compliquée est revenu à Harry Winston pour son tourbillon «Glissière».
Production de niche
La distinction suprême, L’Aiguille d’or, a été remise au Français Richard Mille qui a bousculé en quelques années les codes de la haute horlogerie en proposant des «machines de course au poignet». Les garde-temps d’Audemars Piguet (deux récompenses), de Jaeger-LeCoultre, de Hublot, de Cartier et deZenith ont aussi été distingués.
La touche de spontanéité est venue du prix de la montre hommes décerné à Kari Voutilainen pour sa montre «Observatoire». Inconnu du grand public, cet horloger finlandais installé à Môtiers (Val-de-Travers/ NE) a notamment travaillé durant dix ans chez Parmigiani Mesure et Art du Temps, avant de se lancer à son compte.
Le déclic se produit en 2005, lorsque l’horloger rejoint pour la première fois le stand de l’Académie horlogère des créateurs indépendants (AHCI) à Baselworld avec une répétition minutes. Il remet ça l’année suivante avec un remarquable chronographe à l’état de prototype. Depuis lors, les commandes affluent et l’atelier compte cinq personnes pour une production qui ne dépasse pas les 20 pièces par an.
«Je n’ai pas l’ambition de faire beaucoup plus de montres à l’avenir, mais j’aimerais les faire encore mieux», prévient le maître horloger. Une attitude assez peu répandue dans le secteur. D’autant que la demande croissante pour les montres compliquées offre des perspectives impressionnantes pour qui veut y répondre.
Ce n’est pas le choix de Kari Voutilainen, qui regrette au passage l’irresponsabilité de certaines marques: «Le client paie parfois très cher le design, mais il y a beaucoup de vide dans le prix! De même, trop d’entreprises vendent des montres compliquées sans avoir imaginé le moindre service après-vente. C’est irresponsable et irrespectueux envers la clientèle. » Le discours est à l’image de l’homme: sans trop de concessions.
La reine des vertus
En plus de quelques pièces uniques, dont un tourbillon, le catalogue de Kari Voutilainen tient pour l’heure en trois modèles, dont la montre «Observatoire». S’il développe ses propres mouvements – parfois sur des ébauches anciennes, à l’image de la répétition minutes – le Finlandais produit à l’interne une foule de composants. Ses montres d’exception, toutes produites en éditions limitées, ont rapidement trouvé preneurs. Et comme il vient d’accepter de réaliser une répétition minutes en pièce unique, Kari Voutilainen dit ne plus vouloir prendre de commandes avant 2009. Pour les collectionneurs de belle horlogerie, la patience est la reine des vertus.
Bilan |