L'horlogerie cartonne. Pour longtemps?
 
Le 01-02-2008

Les exportations horlogères suisses cumulent les records. Près de 16 milliards de francs en 2007, soit une croissance annuelle de 16,2%. Du jamais vu depuis dix-huit ans.

La chose est devenue si coutumière que l'on ne s'y serait pas arrêté en temps de prospérité économique globale. Oui, mais voilà. Depuis quelques mois, le subprime fait de gros dégâts sur l'économie mondiale. Provoque des tempêtes boursières qui touchent tous les pays, de Paris à New York en passant par Tokyo ou les pays émergents.

«Grande force de résistance aux chocs»
Désormais, les experts n'hésitent plus à parler de krach boursier. «Il faut remonter au 11 septembre 2001 pour trouver une correction d'une telle ampleur», admet un analyste financier de la place financière genevoise. Et les yeux de se tourner vers l'industrie du luxe, qui devrait, à l'instar des autres secteurs économiques, bientôt être contaminée par la crainte d'un retournement conjoncturel mondial.

Vraiment? A Bienne, la Fédération horlogère suisse (FHS) semble bien loin de l'agitation financière et de ses répercussions sur les pays générateurs de nouvelles richesses. «En 2007, aucune faiblesse particulière n'a été relevée. Les résultats des exportations horlogères se sont systématiquement tenus au-dessus des prévisions», indique Jean-Daniel Pasche, président de la FHS. Qui affirme son optimisme pour 2008: «Cette année sera à nouveau marquée par une progression. Nous n'avons pas d'indication d'un impact direct de la crise financière actuelle.»

Des propos repris par l'ensemble des poids lourds de l'industrie. En témoigne Bernard Fornas, président et CEO de Cartier: «L'industrie du luxe est bien loin d'évoluer dans le contexte du 11 Septembre 2001. Aujourd'hui, les entreprises comme Cartier bénéficient d'une grande force de résistance aux chocs économiques.»

Répartition géographique équilibrée, diversité de la production, flexibilité organisationnelle, autant d'atouts qui permettent à Cartier d'aborder le spectre du krach boursier avec sérénité. «Nous avons une répartition de notre chiffre d'affaires mondial extrêmement harmonieuse, avec un leader-ship sur plusieurs marchés. Cartier regroupe 10 métiers différents, ce qui nous permet de mettre l'accent sur un produit lorsqu'un autre va moins bien. Idem pour nos sites industriels, qui ont une capacité d'adaptation immédiate en cas de ralentissement du marché», détaille Bernard Fornas.

Valeur refuge
A Genève, le patron de la manufacture genevoise Vacheron Constantin, Juan-Carlos Torres, va plus loin. «Nous sommes bien sûr attentifs aux crises boursières, mais nos prévisions montrent que loin de se détourner de l'horlogerie haut de gamme, notre clientèle a aujourd'hui tendance à considérer les marques de montres prestigieuses comme une valeur refuge», explique-t-il. De quoi anticiper une croissance des ventes en 2008. «Nous constatons un certain attentisme face aux fluctuations du prix de l'or, les tendances sont d'ores et déjà positives», assure Juan-Carlos Torres.

Tribune de Genève

 

Copyright © 2006 - 2024 SOJH® All Rights Reserved