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Boucheron alliance stratégique
... avec Girard-Perregaux. Deux stratégies possibles pour les joailliers qui veulent compléter et crédibiliser leur offre horlogère. Aller vite, c’est-à-dire « monter » en gamme par l’achat d’un tourbillon à une manufacture spécialisée et mettre des diamants autour. Prendre le temps d’un parcours horloger moins spectaculaire, mais plus légitime.
Boucheron a choisi de (re)construire son identité horlogère en s’alliant avec une manufacture réputée, Girard-Perregaux, un des bastions suisses de la haute horlogerie indépendante.
Boucheron apporte la légitimité de son image dans la haute joaillerie : la marque a été la première à s’installer place Vendôme, à la fin du XIXe siècle, et elle y occupe toujours un des plus beaux hôtels particuliers de ce pôle mondial pour la joaillerie de luxe.
Affaire familiale, Girard-Perregaux est une manufacture spécialisée dans les complications (son tourbillon sous trois ponts d’or est renommé depuis près d’un siècle et demi) et dans les innovations horlogères.
Girard-Perregaux a conçu pour Boucheron un mouvement automatique exclusif, signé GP 4000 : il équipera progressivement les collections horlogères du joaillier.
Originalité de cette première série : la masse oscillante figurative et animalière. Le rotor chargé du remontage automatique dessine une silhouette d’animal (serpent, tortue, caméléon et autres figures du bestiaire traditionnel de Boucheron) : c’est un exploit technique, ces masses oscillantes ayant généralement une forme très régulière pour équilibrer leur rotation.
Boucheron en a profité pour réaliser, en série limitée, trois mini-collections de montres joaillières en 3-D, dont le boîtier est serti en relief d’allégories animales qui rappellent ces rotors (spectaculaire cobra en écusson, gentil caméléon en ronde-bosse, carapace de tortue-grille). C’est à la fois précieux et spectaculaire, quelque part entre la sculpture, la joaillerie et l’horlogerie…
Boucheron (groupe PPR) et Girard-Perregaux (groupe familial Sowind) ont, à l’évidence, des intérêts communs à tenter cette aventure ensemble.
Côté Boucheron, étoile du pôle luxe de PPR (avec Gucci, Bottega Veneta, etc.), cette alliance garantit un accès immédiat à l’univers de la haute horlogerie : place Vendôme, aucun joaillier historique n’ayant encore son propre mouvement exclusif, c’est un bon début !
Côté Girard-Perregaux, la fréquentation de la place Vendôme et l’association à Boucheron ne pourront qu’accroître l’image de la manufacture auprès d’un nouveau public féminin. De deux côtés, on peut également se féliciter d’un accord qui sécurise les approvisionnements au meilleur niveau, apportant au joaillier une ressource prestigieuse en termes de mouvements, et à l’horloger un client sérieux pour améliorer la productivité de l’outil industriel.
La rencontre est donc une belle histoire. On serait tenté de dire : « Et plus si affinités » : ne pas oublier que PPR a des objectifs de croissance externe pour son pôle luxe et que Girard-Perregaux envisage à court terme une ouverture de son capital (Bourse ou autre) pour pérenniser l’entreprise et assurer sa transmission aux héritiers de son président.
Derrière les intérêts croisés, un vrai avenir en commun se dessine !
Gregory Pons - Business Montres |